Pétrole : la Libye, un robinet coupé pour l’Europe

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ût 2011 (Photo : Filippo Monteforte)

[22/08/2011 14:42:24] TRIPOLI (AFP) La Libye, principale réserve de pétrole d’Afrique et quatrième producteur du continent, exportait avant la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi 80% de son or noir vers l’Europe, en particulier en Italie et en France.

Actuellement quasiment à l’arrêt en raison du conflit, les exportations d’hydrocarbures, cruciales pour le pays, devraient reprendre progressivement en cas de changement stable de régime, pour revenir à 50% de leur niveau d’avant-guerre en 2012 et à 100% en 2013, selon un scénario d’analystes.

A l’arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi en 1969, les compagnies pétrolières, majoritairement américaines, extrayaient du sol libyen plus de 2 millions de barils par jour (mbj). A l’époque, la Libye exporte autant que l’Arabie Saoudite.

Mais très vite, le numéro un libyen nationalise le pétrole, limite la production et crée la Compagnie nationale du pétrole (NOC) qui constituera des coentreprises avec des participations minoritaires des compagnies étrangères.

Mais après vingt ans d’isolement économique et de sanctions internationales contre le régime, la Libye a vu affluer depuis dix ans toutes les compagnies pétrolières occidentales avides de brut, le pays étant encore considéré comme sous-exploité au regard de ses réserves.

En 2010, le pays a produit 1,55 mbj, selon les données de l’Agence internationale de l’Energie (AIE). La production totale d’or noir atteint même 1,79 mbj, si l’on ajoute les liquides de gaz naturel et autres condensats, d’après l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

La Libye était ainsi en 2009 le quatrième producteur de pétrole en Afrique (après le Nigeria, l’Angola et l’Algérie), et l’un des 20 plus gros producteurs de pétrole au monde, selon l’EIA. Son brut est particulièrement prisé, parce qu’il est peu riche en soufre et facile à traiter.

Au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la Libye est en 9e position pour sa production de brut sur les 12 membres que compte le cartel.

Avec une consommation intérieure limitée de 280.000 barils par jour en 2009, la Libye exportait 1,5 mbj de pétrole, en grande majorité (79%) vers l’Europe.

Son principal acheteur en 2010 était l’Italie (28%), suivi de la France (15%), la Chine (11%), l’Allemagne (10%) et l’Espagne (10%). Les Etats-Unis n’ont acheté l’an passé que 3% de l’or noir libyen.

La Libye compte les plus grosses réserves de pétrole en Afrique, avec 44 milliards de barils, loin devant le Nigeria (37,2 milliards de barils) et l’Algérie (12,2). Les grandes compagnies présentes sont l’italien Eni, le français Total et les géants anglo-saxons BP, Shell et ExxonMobil.

Le pays a également quasi-doublé ses exportations en gaz naturel en quelques années, de 5,4 milliards de m3 en 2005 à plus de 10 milliards de m3 de gaz naturel par an, selon l’Opep, grâce à un nouveau gazoduc vers l’Italie actuellement coupé. Ses réserves sont estimées à 1.540 milliards de m3.