ékin le 3 mars 2011 à Djerba (Photo : Miguel Medina) |
[23/08/2011 07:18:49] PEKIN (AFP) La Chine, qui a investi des milliards de dollars en Libye, a exprimé mardi son souhait d’y poursuivre ses affaires, notamment dans le pétrole, tandis qu’un quotidien officiel estimait que l’Occident a la responsabilité de “nettoyer le désordre qu’il a mis” dans ce pays.
Opposée aux frappes aériennes contre la Libye, la Chine, s’éloignant de ses traditionnels principes de non-ingérence, avait fini par établir en juin de premiers contacts avec la rébellion libyenne, puis de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) comme “interlocuteur important”.
Lundi, alors que les rebelles venaient d’entrer dans Tripoli et que les heures du régimes Kadhafi semblaient comptées, Pékin avait sobrement indiqué “respecter le choix du peuple libyen”.
La Chine a souhaité mardi la poursuite de liens économiques et commerciaux “mutuellement bénéfiques” avec la Libye, où elle a investi des milliards de dollars dans les chemins de fer, le pétrole et les télécoms essentiellement.
Le ministère chinois du Commerce a rappelé que l’insurrection libyenne, qui a commencé mi-février, avait porté atteinte à ses investissements.
“Les changements récents dans la situation en Libye ont eu un impact sur nos investissements”, a déclaré Wen Zhongliang, un vice-directeur du ministère, lors d’une conférence de presse. “Les investissements de la Chine en Libye, en particulier dans le secteur du pétrole, reflètent une coopération mutuellement bénéfique entre les deux pays”, a-t-il dit. “Nous espérons continuer à développer la coopération économique et commerciale avec la Libye à tous égards”, a ajouté le responsable.
La Chine est assoiffée de ressources énergétiques pour maintenir sa forte croissance et a écumé la planète pour investir dans le pétrole et le gaz. La Libye tire de son côté l’essentiel de sa richesse des revenus pétroliers. Lundi, alors que les rebelles venaient d’entrer dans Tripoli, le ministère chinois des Affaires étrangères avait appelé à un retour rapide de la stabilité en Libye, qui vend quelque 3% de son pétrole à la Chine.
La deuxième économie mondiale a mis en oeuvre environ 50 projets d’envergure en Libye pour une valeur estimée à au moins 18,8 milliards de dollars (13,1 milliards d’euros), selon le ministère chinois du Commerce.
Mais elle s’inquiète de la sécurité de ses investissements et de son personnel: le premier groupe chinois d’hydrocarbures, le China National Petroleum Corp (CNPC) a mis un terme aux projets d’exploration de pétrole et de gaz dans quatre pays instables, dont la Libye, de sa filiale Great Wall Drilling Co (GWDC), a rapporté mardi le Beijing Times.
Au printemps, la Chine avait évacué près de 36.000 de ses ressortissants employés dans les hydrocarbures, les transports, les infrastructures et les télécoms en Libye lors d’une opération de grande envergure.
Alors que le régime du colonel Mouammar Kadhafi ne tenait apparemment plus qu’à un fil mardi, même si la situation était confuse à Tripoli, un quotidien officiel a estimé qu’il était de la responsabilité de l’Occident de “nettoyer le désordre qu’il a mis” en Libye.
“Renverser le régime de Kadhafi représente un spectacle pour les médias, discuter de la reconstruction ne l’est pas”, a souligné dans un éditorial le quotidien Global Times. “L’Occident doit assumer sa responsabilité et nettoyer le désordre qu’il a mis en Libye”, a poursuivi le journal, sans citer de pays en particulier.
Le quotidien China Daily a répété les appels du gouvernement chinois à un retour à la “stabilité” en Libye, en insistant sur la nécessité de “restaurer la paix aussi vite que possible”.
“La Chine est prête à oeuvrer avec la communauté internationale et jouer un rôle positif dans la reconstruction future de la Libye”, avait déclaré lundi le ministère chinois des Affaires étrangères.