Le Japon prend des mesures exceptionnelles pour combattre la hausse du yen

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à Tokyo le 24 août 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[24/08/2011 09:58:51] TOKYO (AFP) Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a annoncé mercredi matin une série de mesures exceptionnelles pour aider les entreprises nippones à combattre l’escalade historique du yen qui bride leurs marges et sabote leur compétitivité sur les marchés extérieurs.

Candidat au poste de Premier ministre, le gardien des deniers publics entend ainsi montrer sa détermination à lutter par tous les moyens contre la menace que constitue la cherté inédite du yen pour l’économie nippone.

Malgré trois interventions directes sur le marché des changes pour calmer les accès de fièvre de la monnaie japonaise (les 15 septembre 2010, 17 mars et 4 août 2011), le yen a atteint à la fin de la semaine dernière son plus haut niveau d’après-guerre face au dollar affaibli par les hoquets de l’économie américaine.

Le catalogue de mesures présenté mercredi comprend notamment la création d’un fonds de 100 milliards de dollars pris sur les réserves de changes, afin d’encourager les sociétés à échanger leurs yens contre des devises étrangères et à investir à l’étranger en profitant de la force historique de la monnaie nationale.

Ce dispositif de prêts à taux préférentiel est censé inciter les entreprises nippones à lancer des opérations de fusions et acquisitions hors du Japon, contribuant ainsi à renforcer leur présence mondiale et à contrebalancer l’impact négatif de la cherté du yens sur leurs revenus et profits.

“Dans quelles proportions ce dispositif va-t-il être utilisé?” s’interrogent toutefois les analystes.

Le plan prévoit que les fonds seront alloués à la Banque japonaise pour la coopération internationale (JBIC), laquelle va octroyer des lignes de crédit aux banques commerciales pour qu’elles prêtent plus facilement aux entreprises japonaises désireuses d’acheter des sociétés étrangères ou de sécuriser leur approvisionnement en ressources naturelles.

Le ministère espère en outre que ce programme va amorcer un mouvement de vente d’avoirs en yens et amoindrir ainsi la valeur de la devise nippone.

Ce programme d’urgence vient en complément des dispositions non conventionnelles récemment mises en oeuvre par la banque centrale du Japon (BoJ) pour faciliter la circulation d’argent et dynamiser l’activité nippone malgré le handicap que constitue le yen pour les exportations.

Par ailleurs, le gouvernement va renforcer sa surveillance du marché des changes en exigeant des intervenants qu’ils déclarent quotidiennement leurs positions jusqu’à la fin du mois de septembre.

Les autorités veulent ainsi repérer les gérants de fonds spéculatifs (hedge funds) et autres investisseurs en quête de profits à court terme et responsables de la volatilité jugée excessive des taux de changes.

“Cette mesure risque toutefois d’être de faible portée car limitée aux grandes institutions financières actives sur les marchés japonais et non à l’étranger”, ont d’emblée souligné des opérateurs.

Le but du gouvernement est selon eux d’exercer une pression psychologique sur les profiteurs en leur montrant qu’il les a à l’oeil.

“Nous espérons que cet ensemble de mesures va aider à stabiliser les marchés”, a justifié le ministre des Finances, ajoutant que les mouvements actuels sur les devises apparaissent “à sens unique” et irrationnels.

M. Noda a fait ces annonces à moins d’une semaine de l’élection d’un nouveau Premier ministre, poste qu’il brigue en promettant de braver non seulement la force du yen mais aussi de permettre au Japon de financer la reconstruction après le séisme du 11 mars sans recours à l’endettement.

Outre le yen, le problème de la dette publique et la réforme fiscale sont des défis majeurs pour le prochain chef de gouvernement, d’autant que l’agence financière Moody’s a dégradé mercredi la note du Japon et que les concurrentes Standard & Poor’s et Fitch menacent d’en faire autant.