à San Francisco le 6 juin 2011 (Photo : Justin Sullivan) |
[25/08/2011 13:01:02] PARIS (AFP) Apple continuera-t-il a donner le ton en matière d’innovation dans les produits high tech comme dans le marketing malgré la démission de son patron charismatique Steve Jobs? Les experts, qui saluent en lui un créateur hors pair et un organisateur de talent, sont partagés.
Même si les graves problèmes de santé de Steve Jobs, qui a annoncé mercredi qu’il démissionnait de son poste de directeur général, était connus, les marchés ont été douchés: la deuxième capitalisation boursière au monde, pourtant en excellente santé financière, chutait de plus de 5% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.
Apple réussira-t-il à inventer, sans Steve Jobs, des produits aussi révolutionnaires que l’iPod, l’iPhone ou l’iPad ?
“Les gens qui aiment le high tech et l’informatique se disent: +mais qui va maintenant nous protéger de la médiocrité et des produits à bon marché ?+”, résume Jean-Louis Gassée, ancien haut cadre de la firme à la pomme qui a côtoyé Steve Jobs dans les années 1980, sur France Inter.
Mais le cabinet Gartner est bien plus optimiste. “Je pense qu’Apple va bien s’en sortir”, estime l’analyste Van Baker. “Certes cela marque la fin d’une ère, mais il ne faut pas oublier qu’Apple, c’est bien plus qu’une seule personne, fût-elle Steve Jobs”, abonde son collègue Michael Gartenberg.
C’est aussi l’avis de Frédéric Filloux, auteur de la Monday Note, une lettre spécialisée sur le secteur des nouvelles technologies et des médias.
“Je ne pense pas que ce soit une catastrophe, il a très largement eu le temps d’anticiper sa succession et de mettre en place à la fois une culture d’entreprise et une organisation interne, avec des hommes à lui qui vont la perpétuer”, estime-t-il, en rappelant que les premiers problèmes de santé de M. Jobs remontent à 2004.
“C’est vrai que Steve Jobs était le grand visionnaire, mais il a su inculquer à ses gens” selon Frédéric Filloux. Et surtout, ajoute-t-il, le cofondateur d’Apple “a vraiment le souci du futur de l’entreprise”, ce qui l’a amené à instituer “une sorte d’organisation militaire tendant presque vers la dictature où de haut en bas on applique les règles du secret tout en se focalisant sur un produit”, explique-t-il.
“Chez Apple, on se concentre sur des lignes de produits qui sont les plus simples possibles, d’où leur efficacité”, relève M. Filloux, ce qui leur a par exemple permis d’avoir “une part du marché phénomènale avec un seul modèle de téléphone, l’iPhone”.
“Depuis son retour aux manettes en 1997, Jobs a eu à coeur de forger cette culture qui de mon point de vue est inaltérable, ça ne va pas s’étioler en deux ans”, ajoute M. Filloux.
Pour assurer la relève, il y a d’une part “l’héritier” Tim Cook, qui “est certes moins charismatique que Steve Jobs, mais incroyablement fort” et une équipe responsable du design de haut vol, sous la houlette de Jonathan Ive.
A cela s’ajoute que “la boîte est en de bonnes mains”: “les managers, qui sont là depuis un moment, ont la cinquantaine, et sont dédiés à leur tâche. Il y a un très faible turnover”, selon l’expert.
Reste qu’en termes d’image, le départ de Steve Jobs laisse Apple orphelin, juge pour sa part Olivier Bomsel, qui occupe la chaire ParisTech d’économie des médias et des marques.
“Dans le registre de la high tech, Apple est l’équivalent d’une grande maison de couture”, souligne-t-il.
“Il est assez clair que M. Jobs va mourir. Or Steve Jobs est Apple, une sorte de rock star ou un créateur de mode. On est donc dans la même configuration que Dior après la mort de Christian Dior ou que Chanel après la mort de Coco Chanel”, selon M. Bomsel.
“Dans la musique par exemple, il a réussi à faire de l’iPod l’emblème de l’expérience musicale du consommateur alors qu’avant c’était U2 ou les Stones. Qui va désormais personnifier l’expérience d’Apple?”, s’interroge-t-il. axr/roc/juv