Plan d’austérité : les riches vont payer mais personne n’est épargné

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ût 2011 (Photo : Pierre Verdy)

[25/08/2011 16:38:17] PARIS (AFP) Qui va payer la facture du plan d’austérité? Si la taxe sur les “ultra-riches” est anecdotique, les ménages aisés sont les premiers visés par les onze milliards d’euros de hausses d’impôts annoncées, même si les classes populaires et moyennes ne sont pas totalement épargnées.

Le Premier ministre François Fillon a mis en avant mercredi, en dévoilant les mesures du gouvernement, la nécessité de réduire en priorité les dépenses publiques. Pourtant, sur les 12 milliards attendus de son plan (un milliard cette année, onze en 2012), un seul milliard provient d’une nouvelle baisse des dépenses.

Le reste, “ce sont uniquement des hausses d’impôts”, constate l’économiste Alain Trannoy, directeur d’études à l’EHESS.

Avec les onze milliards de nouveaux prélèvements déjà actés il y a un an, cela fait 22 milliards de hausses d’impôts en deux ans.

Certes, le gouvernement, qui réitère son opposition à toute augmentation “générale” des impôts, a de nouveau préféré raboter les niches fiscales.

Mais concrètement, l’ajustement budgétaire se traduit par des hausses d’impôts ciblées, “contrairement au discours officiel”, explique Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

C’est d’ailleurs, selon l’économiste de cet institut keynésien, “une bonne nouvelle”: “si on avait une fois de plus resserré la dépense, notamment sociale, les classes moyennes et populaires auraient souffert”.

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ôtel Matignon à Paris (Photo : Pierre Verdy)

Les plus aisés sont fortement mis à contribution. Il s’agit même d’une “inflexion” par rapport aux allègements consentis aux plus nantis depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, estime Alain Trannoy.

Pour preuve d’un juste partage de l’effort, le gouvernement a mis en exergue la mesure la plus anecdotique: la mini-taxe sur les ultra-riches. Elle ne rapportera que 200 millions par an, visera les 10.000 ménages les plus aisés, et sonh application vie est a priori limitée à deux ans.

Or, d’autres mesures, plus rentables, frapperont “le haut de la pyramide des revenus”, assure Michel Taly, ex-directeur de la législation fiscale à Bercy.

La plus emblématique, c’est la hausse des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, qui rapportera 1,3 milliard par an. “C’est ce qui touchera le plus les ménages aisés, car ce sont eux qui concentrent le plus les revenus de l’épargne”, dit Michel Taly, les classes moyennes n’étant détentrices de patrimoine que dans une nette moindre mesure.

L’autre dispositif censé viser les plus fortunés est la suppression des abattements sur les plus-values réalisées lors de la vente d’une résidence secondaire ou d’un logement locatif. Cela doit rapporter 2,2 milliards.

Pour Alain Trannoy, “on peut considérer que ce sont plutôt les ménages aisés qui possèdent un logement autre que la résidence principale”.

Autre contribution mise en avant par le gouvernement: celle des entreprises, par la réduction de plusieurs allègements d’impôt ou par la hausse de certaines taxes (sur les complémentaires santé, les parcs de loisir, les sodas…).

Mais ces mesures risquent d’être répercutées sur les consommateurs ou les salariés. “Les prélèvements finissent toujours par peser sur les ménages”, même ceux “acquittés par les entreprises”, rappelait en mai la Cour des comptes.

Le patron d’Orangina, Hugues Pietrini, a prévenu sur Europe 1 que la “taxe Cola” serait répercutée sur les prix. “Ça va taper encore plus sur le panier de la ménagère”, a-t-il dit.

Les classes moyennes et populaires ne seront donc pas épargnées.

L’association de défense des consommateurs CLCV dénonce notamment la mesure sur les complémentaires santé (1,1 milliard), “alors que l’on évalue à 8 millions le nombre de personnes ne pouvant plus payer une telle couverture, notamment parmi la population modeste (jeunes, familles monoparentales, etc.)”.

Quant aux taxes sur le tabac et les alcools forts, Alain Trannoy rappelle que “les plus modestes en sont les premiers consommateurs”.