Le recours à l’endettement externe est justifié par deux faits stylisés latents
de l’économie tunisienne. Le niveau de l’épargne nationale ne permet à de
financer les besoins d’investissements nécessaires à la réalisation des
objectifs de croissance durant la période à venir.
De plus, notre balance courante accuse un déficit structurel, qui pourrait
d’ailleurs s’amplifier en 2011 sous l’effet des mauvais résultats du secteur
touristique, ce qui implique un déficit grandissant entre les recettes et les
dépenses en devises et engendrer ainsi de fortes pressions sur nos avoirs en
devises. De ce point de vue, les échos ici et là proposant une répudiation de la
dette extérieure s’avèrent d’un non sens primaire.
1- Un déficit structurel de l’épargne par rapport à l’investissement
La Tunisie accuse structurellement un déficit moyen de l’épargne brute par
rapport à l’investissement brut de l’ordre de (-4,5% du PIB en 2010) avec un
blocage du taux d’investissement privé brut domestique autour d’une moyenne de
13,8% ainsi qu’une contribution moyenne quasi-stationnaire de la formation brute
du capital fixe, comme composante de la demande, au PIB à prix constants de
l’ordre de 21,4%:
2. Un déficit structurel de la balance courante : de fait des avoirs nets en
devises imputables en grande partie à l’endettement externe
Du fait du déficit structurel de la balance des transactions courantes (1), la
croissance des actifs nets sur l’étranger et donc la consolidation des avoirs
nets en devises et des réserves de change (2) en Tunisie découlent
essentiellement du solde excédentaire du compte de capital et d’opérations
financières dans la balance générale des paiements, et non de réserves de change
accumulées sur des transactions courantes.
En particulier, il y a lieu de se référer à la balance des règlements, qui
permet de purger les flux de transactions effectuées sans paiements, d’une part,
ainsi qu’à la position extérieure globale, établie en termes de stocks
uniquement sur les opérations financières enregistrées en termes de flux au
niveau de la balance des paiements telle que définie dans le cadre de la 6ème
édition du manuel de balance des paiements du FMI. A ce titre, le processus
d’accumulation des réserves en devises est en fait essentiellement adossé aux
tirages sur les emprunts extérieurs de capitaux à moyen et long terme, et à une
échelle moindre aux recettes au titre du compte de capital et en particulier des
investissements directs étrangers (3).
*Professeur – Université de Tunis
(IACE – CTVIE)