[29/08/2011 14:09:21] TEHERAN (AFP)
L’Iran a annoncé lundi qu’il ne négocierait plus concernant un échange de combustible nucléaire avec les grandes puissances, une solution envisagée pour apaiser les craintes sur son dossier nucléaire, Téhéran assurant disposer désormais de capacités d’enrichissement suffisantes.
“Nous ne négocierons plus à propos concernant un échange de combustible et l’arrêt de notre production de combustible”, a déclaré le chef du programme nucléaire iranien Fereydoun Abbassi Davani dans une interview à l’agence officielle Irna.
“Nous sommes arrivés à un niveau de progrès où eux doivent négocier avec nous pour que nous fournissions du combustible aux autres pays, ou pour qu’ils deviennent nos partenaires” dans ce domaine, a-t-il ajouté non sans ironie.
Un projet d’échange de combustible faiblement enrichi contre de l’uranium plus fortement enrichi a été proposé en 2009 par les grandes puissances afin de dissuader l’Iran de développer ses capacités d’enrichissement tout en disposant des ressources civiles souhaitées, mais n’a pas abouti.
L’Iran est sous le coup de six séries de sanctions des Nations unies en raison de son programme nucléaire controversé, dont les grandes puissances craignent qu’il n’ait une finalité nucléaire, ce que nie Téhéran.
Le projet prévoyait que l’Iran envoie plus de 1.200 kilos d’uranium faiblement enrichi (3,5%) en Russie pour obtenir en contrepartie de Moscou et de Paris du combustible à 20% pour son réacteur de recherche de Téhéran.
Cette solution visait à assurer les grandes puissances que l’Iran ne possède pas de suffisamment de stock d’uranium enrichi à 3,5% pour pouvoir fabriquer à terme l’arme atomique.
L’uranium faiblement enrichi est utilisé à des fins civiles mais si l’enrichissement est poussé à plus de 90% il peut permettre de fabriquer des bombes nucléaires.
En mai 2010, l’Iran a présenté, avec le soutien de la Turquie et du Brésil, une proposition prévoyant d’envoyer en “dépôt” en Turquie 1.200 kg de son uranium pour faire l’échange, mais cette quantité était devenue insuffisante pour les grandes puissances au vu du stock iranien.
L’Iran possède actuellement plus de 4 tonnes d’uranium enrichi à 3,5% et commencé à enrichir à 20% sur son site de Natanz. En juin, Téhéran a annoncé vouloir multiplier par trois sa capacité de production en enrichissant également à 20% sur son site de Fordoo, au sud de Téhéran.
M. Abbassi Davani a précisé que l’Iran avait produit “suffisamment d’uranium à 20%” pour le réacteur de Téhéran mais que “la production d’uranium enrichi à 20% allait continuer et ne s’arrêtera pas”.
Il a précisé que “l’installation de certains équipements pour la fabrication du combustible nucléaire avait pris un peu de retard” mais que “d’un point de vue scientifique et technique, l’Iran n’a pas de problème pour fabriquer le combustible à 20%”.
La révélation en 2009 de l’existence du site de Fordoo avait déclenché une grave crise avec la communauté internationale, conduisant au renforcement des sanctions des Nations unies contre l’Iran.