Je suis entrée dans un magasin que je connaissais depuis un bon bout de temps,
une marque tunisienne de prêt-à-porter. L’enseigne devant le magasin était
toujours la même, mais à l’intérieur, je voyais que les affaires portaient des
tickets avec un autre nom, une autre marque: Fernando Rossi…?! Ils se sont mis à
importer ou quoi? Dis donc, et pourquoi faire ça sous une enseigne tunisienne?
Ils pouvaient le faire et vendre ces affaires, dans un magasin, ordinaire je
veux dire, et non pas aller construire une chaîne de magasins avec une marque
tunisienne, etc.
Non ce n’était pas ça… La marque en question change de nom, et s’appellera
désormais “Fernando Rossi“.
Eh bien, quelle ruse! Quel sens de la stratégie et du marketing. Face aux temps
qui s’annoncent durs, aux ventes qui baissent, la marque a décidé de muter, de
devenir “made in Italy“, pas en réalité, mais dans la perception du client. Car
en effet, quand on s’appelle Fernando Rossi, a priori on est une marque
italienne.
Faut-il blâmer les stratèges de cette marque? Les accuser de mauvaise ruse,…ou
faut-il blâmer le consommateur qui garde au fin fond de ses tripes cette estime
pour ce qui «vient de l’extérieur»? Les temps sont durs oui, la conjoncture
mauvaise, oui, le moral des ménages doit être très bas, les festivals n’attirent
même pas les gens comme avant. Comment voulez-vous qu’ils aillent s’acheter de
nouvelles sandales ou de nouveaux sacs à mains…?
Logique! Alors peut-être direz-vous, pour l’entreprise, d’adopter les mesures
qu’il faut, pour vendre, sauver des emplois, peut-être continuer à exister…
Mais n’y a-t-il pas d’autres alternatives? Même au niveau marketing… ne
pouvait-on pas inventer un nouveau logo, une nouvelle gamme de produits, une
nouvelle campagne publicitaire, re-décorer les magasins peut-être, revoir les
prix, faire des promos, etc.
Ou alors, il ne faut pas mélanger le business et les questions philosophiques,
celles de l’identité et tout le tralala, qui n’a rien à faire dans une salle de
réunion où on discute vente, perte et profit.
L’identité tunisienne, la fierté tunisienne n’est-elle pas, à elle seule, un bon
argument de vente? Comment voulons-nous que des gens viennent chez nous, aiment
notre pays et ce que nous sommes… si nous-mêmes, on ne s’aime pas suffisamment?
Encore une fois, c’est du FACTEUR culturel qu’il s’agit, à mon humble avis.
PS: la marque ne s’appelle pas Fernando Rossi, mais un autre nom, qui sonne
italien quand même, mais que je n’ai pas voulu nommer.