Japon : l’ambition fiscale du nouveau Premier ministre va se heurter aux blocages politiques

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ût 2011 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[30/08/2011 08:11:29] TOKYO (AFP) La réforme fiscale souhaitée par le nouveau Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, pour financer la reconstruction du nord-est et limiter la dette publique, sera difficile à réaliser à cause d’un Parlement divisé et d’oppositions internes au sein de son propre parti.

En tant que ministre des Finances, portefeuille qu’il détenait avant son accession à la tête du gouvernement, M. Noda s’est prononcé pour une hausse des prélèvements obligatoires afin de garantir la pérennité de la protection sociale d’une population veillissante.

Selon M. Noda, il s’agit d’une tâche incontournable pour réduire le déficit du budget de l’Etat, financé à 40% par l’émission d’obligations, et contenir le gonflement de la dette, qui représente le double du produit intérieur brut de la troisième puissance économique mondiale.

Cette nécessité est rendue d’autant plus impérieuse que le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire du 11 mars dans le nord-est entraînent d’immenses dépenses publiques de reconstruction et d’indemnisation.

“Aucun homme politique n’aime parler de hausses d’impôts, mais le Japon ne peut plus les repousser”, juge Shinichi Nishikawa, professeur de sciences politiques à l’Université Meiji.

L’agence de notation financière Moody’s vient d’abaisser d’un cran, à Aa3, la note de la dette à long terme du Japon, à cause de l’endettement massif aggravé par la catastrophe. Ses deux grandes rivales, Standard and Poor’s et Fitch, ont prévenu qu’elles pourraient bientôt faire de même.

La situation nippone n’a certes rien à voir avec la spirale d’endettement et de hausse du coût d’emprunt connue par la Grèce et d’autres pays européens, car les obligations émises par Tokyo sont détenues à plus de 95% par des Nippons et le Japon dispose des deuxièmes réserves de change mondiales.

Mais le Fonds monétaire international (FMI) a averti récemment que l’archipel devait réduire sa dette publique pour garder la confiance des marchés, même si son système financier est jugé solide par les organisations internationales.

“Noda va devoir s’employer à convaincre le peuple et à montrer sa détermination” s’il veut avoir une chance d’arriver à ses fins, prévient M. Nishikawa.

A peine désigné président du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) lundi, M. Noda s’est pourtant montré prudent.

“Nous allons examiner à quelle date appliquer une hausse des impôts, selon quelles modalités et l’influence d’une augmentation sur l’économie. Plusieurs options seront bientôt présentées par la commission fiscale du gouvernement”, a-t-il simplement déclaré, sans plus de précision.

Son prédécesseur à la tête du PDJ et du gouvernement, Naoto Kan, avait vu ses ambitions de réforme fiscale fracassées par sa défaite aux élections sénatoriales de juillet 2010, quelques jours après avoir évoqué une hausse de la taxe sur la consommation, aujourd’hui fixée à 5%.

Depuis, le gouvernement conduit par le PDJ, majoritaire à la Chambre des députés, doit composer avec un Sénat dominé par l’opposition conservatrice. Il dispose de marges de manoeuvres limitées.

“Le système politique est bloqué et une grande coalition avec la droite apparaît d’autant plus difficile à réaliser que l’unité du PDJ lui-même n’est pas garantie”, souligne Koji Nakakita, politologue à l’Université Hitotsubashi de Tokyo.