électronique qui ndique les chiffres de la Bourse à Tokyo le 30 août 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[31/08/2011 08:34:13] SHANGHAI, Chine (AFP) Le scandale du groupe forestier Sino-Forest, accusé d’avoir triché au Canada sur ses comptes et ses actifs, risque d’entamer encore davantage la confiance des investisseurs dans les sociétés chinoises qui souhaitent être cotées sur des Bourses étrangères, estiment des analystes.
Sino-Forest, fondée en 1994, avait affiché entre 2005 et 2010 une croissance moyenne annuelle de 41% de son chiffre d’affaires et de 24% de son bénéfice par action.
Ces résultats mirobolants sont vite devenus suspects après la publication au printemps d’une étude de Muddy Waters, une petite société dirigée par un Américain et basée à Hong Kong.
Muddy Waters estimait que la valeur des plantations forestières de Sino-Forest en Chine et celle de ses ventes avaient été fortement exagérées. Cela a aussitôt fait plonger de plus de 60% la valeur de l’action de Sino-Forest.
Le groupe forestier s’est logiquement retrouvé dans le collimateur de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), principal gendarme boursier au Canada.
La CVMO a suspendu pour 15 jours vendredi toutes les transactions sur les titres Sino-Forest à la Bourse de Toronto estimant avoir des raisons de croire que la société et ses dirigeants avaient présenté de “façon erronée certains revenus” et “exagéré l’étendue de ses plantations” forestières en Chine.
L’agence de notation Standard & Poor’s a de son côté abaissé lundi la note de crédit du groupe forestier et lui a retiré sa cote estimant ne plus avoir assez d’informations pour juger de sa situation financière réelle.
Parmi les sociétés chinoises souhaitant s’introduire sur des Bourses étrangères, le cas de Sino-Forest n’est pas isolé et d’autres affaires comptables concernant des entreprises cotées aux Etats-Unis et ailleurs ont déclenché chutes des cours boursiers, suspensions de cotation et enquêtes.
“Le scandale de Sino-Forest et toute une série d’autres scandales auparavant ont créé un climat dans lequel de nombreux investisseurs sont beaucoup plus méfiants”, explique Peter Humphrey, qui dirige le cabinet d’expertise ChinaWhys basé à Pékin.
“Ces fraudes survenues cette dernière année rendent certainement plus difficile pour les entreprises chinoises de lever des fonds à l’étranger”, a-t-il assuré.
En juin, l’autorité de régulation boursière (SEC) américaine a annoncé qu’elle allait enquêter sur deux entreprises – China Intelligent Lighting and Electronics, et China Century Dragon Media – pour avoir présenté des “documents trompeurs et comportant des lacunes”.
Selon les experts, les investisseurs se méfient en particulier des sociétés chinoises qui ont réussi une introduction sur une Bourse américaine en achetant une société “coquille vide” cotée, avec laquelle elles ont fusionné.
Cette méthode très controversée permet à l’acquéreur de ne pas avoir à passer les examens rigoureux imposés aux postulants à une cotation sur les places boursières américaines.
Selon Ken Chan, un analyste basé à Hong Kong et travaillant pour Moody’s, ce sont les entreprises chinoises privées qui sont les plus susceptibles de souffrir de la défiance des investisseurs, car elles ne disposent pas du soutien du gouvernement.
Ce sont pourtant bien ces sociétés privées qui ont le plus besoin d’aller lever des capitaux à l’étranger, puisqu’elles n’ont pas les financements proposés par les grandes banques étatiques chinoises.
“Les entrepreneurs chinois sont souvent très désireux d’aller sur les marchés à l’étranger, parfois de façon aveugle”, estime Jay Sun, de la société de conseil américaine Kroll.
“Le marché va être plus prudent et plus regardant quand il s’agit d’entreprises privées chinoises,” souligne M. Chan.