à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[31/08/2011 16:46:51] LISBONNE (AFP) Le gouvernement portugais de centre-droit a annoncé mercredi un nouveau tour de vis fiscal et budgétaire en vue d’une reprise de la croissance dès 2013 alors que le pays, en butte à une grave crise financière, est sous perfusion de l’Union européenne et du FMI.
Le gouvernement prévoit ainsi que le vaste plan de réformes qu’il a mis en oeuvre depuis son entrée en fonction début juillet permettra une croissance de 1,2% en 2013 après une récession de -2,2% cette année et de -1,8% en 2012.
“L’économie devrait commencer à croître en 2013 grâce à une relance de la demande interne (…), à une correction des déséquilibres macroéconomiques et à la poursuite d’une amélioration des exportations”, a estimé le ministre des Finances Vitor Gaspar en présentant lors d’une conférence de presse les dernières prévisions du gouvernement et les mesures à appliquer pour relancer l’économie.
“En cinq ans, l’économie portugaise aura quasiment éliminé ses déséquilibres budgétaires”, a-t-il estimé.
Le Portugal, troisième pays de la zone euro après la Grèce et l’Irlande à recevoir une aide financière, a obtenu de l’Union européenne et du Fonds monétaire international un prêt sur trois ans de 78 milliards d’euros. En échange, il s’est engagé à appliquer un rigoureux programme de réformes pour ramener le déficit à 5,9% cette année contre 9,1% en 2010 et parvenir à 3% en 2013.
Pour assainir les finances M. Gaspar a annoncé une nouvel impôt de “solidarité” qui consistera à augmenter de 2,5 % l’imposition des revenus supérieurs à 153.000 euros par an. Il entend également proposer de relever l’impôt sur les plus-values boursières de 20 à 21%.
Dans le même temps, les bénéfices supérieurs à 1,5 million subiront “une taxe supplémentaire de 3%”, a indiqué le ministre.
Ces hausses d’impôts devraient rapporter “environ 100 millions d’euros”, a-t-il précisé.
Au chapitre du déficit budgétaire, M. Gaspar a annoncé une nette diminution du nombre des fonctionnaires (environ 500.000 actuellement) qui verront leurs postes réduits de 2% environ par an sur la période allant de 2012 à 2014 au lieu de 1% prévus initialement.
Ces nouvelles mesures ont été annoncées alors que le Premier ministre Pedro Passos Coelho effectue actuellement une tournée européenne avec pour étapes, l’Espagne, l’Allemagne et la France et des entretiens avec José Luis Zapatero, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy consacrés plus particulièrement aux moyens de résoudre la crise qui secoue actuellement la zone euro.
Elles viennent compléter un plan de réformes qui comprend notamment un impôt extraordinaire équivalent à 50% du 14e mois des revenus supérieurs au salaire minimum, une hausse de la TVA sur le gaz naturel et l’électricité et une augmentation des tarifs des transports.
Le ministre des Finances, qui prévoit que cette cure de rigueur permettra un quasi retour à l’équilibre en 2015 avec un déficit d’à peine 0,5%, n’a pas caché que le chemin pour y parvenir serait semé d’embûches.
Ainsi, le chômage devrait atteindre un pic de 13,2% en 2012 et ne retrouver qu’en 2015 un taux de 12,3%, comparable à celui de 12,5% prévu pour cette année.
De même, la dette actuellement de 100,8% du PIB devrait monter à 106,8% en 2013 et ne retomber qu’à 101,8% en 2015.
Même si la cure d’austérité n’a pas entraîné au Portugal des mouvements de protestation d’une ampleur comparable à ceux qui ont lieu ailleurs en Europe et notamment en Grèce, les nouvelles mesures risquent d’attiser le mécontentement.
Le principal syndicat portugais, la CGT, a d’ailleurs annoncé pour le 1er octobre des manifestations à Lisbonne et Porto (la grande ville portugaise du nord du pays).