Les entreprises semblent, pour le moment, résister à la déprime

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ôtel Matignon à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[01/09/2011 13:59:46] JOUY-EN-JOSAS (Yvelines) (AFP) Affichant un optimisme prudent, les patrons présents à l’université d’été du Medef ne semblaient pas trop atteints par la déprime ambiante, mais les économistes craignent que les entreprises ne soient bientôt contraintes de freiner leurs investissements.

En ouvrant le rendez-vous de rentrée de son organisation mercredi, la patronne des patrons Laurence Parisot avait donné le ton: “Nous ne voyons pas de risque de récession et nous pensons qu’il y a dans les mois à venir de bonnes chances pour retrouver une croissance solide”, a-t-elle assuré.

Les chefs d’entreprise interrogés jeudi par l’AFP sur le campus d’HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines) ne croyaient pas non plus à la catastrophe. “On s’attend à un ralentissement modéré de notre croissance”, confie Etienne Bernard, patron d’une entreprise de moteurs électriques de 350 personnes.

Pour lui, le trou d’air ne devrait durer qu’un mois ou deux. Conséquence: “malgré un léger tassement du carnet de commandes depuis le mois d’août, on a choisi de ne reporter aucun projet d’investissement”, indique-t-il.

Pour les chefs d’entreprise, les récentes chutes des Bourses relèvent davantage de la spéculation que de “problèmes réels”.

“Aujourd’hui, mon carnet de commandes est bien rempli”, assure Eric Malenfer, cogérant d’un groupe de géomètres-experts de 90 personnes. “S’il y avait une énorme crise, je souffrirais évidemment, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui”.

Aucune comparaison possible pour le moment avec la crise qui a secoué la planète en 2008 et 2009, relèvent-ils tous.

“Depuis cette crise, toute la trésorerie n’a pas forcément été reconstituée, ce qui incite à la vigilance, mais la prudence n’empêche pas l’optimisme”, avance Eric Malenfer.

“Tout le monde est très attentif à ses stocks et aux réactions des clients mais il n’y a pas de panique”, soulignait mercredi le patron du chimiste Rhodia, Jean-Pierre Clamadieu. “On ne sent pas cette espèce de rupture brutale qui tout d’un coup nous plongerait dans un marasme épouvantable”, confiait-il.

Certains budgets vont toutefois témoigner du ralentissement actuel. “On va être contraint de reporter des investissements, mais aussi des embauches”, témoigne Gilles Baujon, patron d’une PME de fabrication de machines servant à produire des composants nanoélectroniques.

Pour les économistes, les entreprises pourraient même, dans le contexte, actuel, être tentées de réduire leurs investissements au strict minimum.

“On a eu une telle récession et la reprise est tellement faible qu’on ne peut pas s’attendre à une reprise forte de l’investissement”, relève Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. “Et ce qui s’est passé cet été sur les marchés boursiers ne va pas arranger les choses”, ajoute-t-il.

“L’investissement pourrait rechuter si les entreprises revoyaient à la baisse leurs perspectives d’activité pour s’adapter à une croissance un peu moins forte que prévu”, prévient aussi Denis Ferrand, directeur général de Coe-Rexecode.

Mauvais signal pour la croissance, la production de l’industrie manufacturière française s’est repliée en août pour la première fois depuis juin 2009, selon l’indice PMI manufacturier publié jeudi par la société Markit.

Autre point à surveiller: l’accès au financement. “On peut craindre que le choc actuel ne sera pas sans effet sur la politique d’octroi de crédit des banques aux entreprises”, met en garde Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis.