La Révolution tunisienne du 14 janvier 2011 et la Révolution libyenne du 17 février 2011 ont beaucoup de points communs: elles ont mis fin à 2 dictatures et libéré les peuples de deux systèmes obsolètes de tous les points de vue, notamment celui économique.
Ces deux révolutions montrent que les deux peuples, libyen et tunisien, se ressemblent beaucoup, pour ne pas dire identiques, tous les deux issus de la même origine Libyque, aussi bien les Libyens que les Carthaginois ont découverts en Ifriqya -ancien nom de la Tunisie, et ce dès 1200 avant Jésus Christ, date de la construction du premier comptoir commercial phénicien à Utique en Tunisie.
Pendant l’empire Romain, la Tunisie actuelle était divisée en deux parties : l’Africa Nova au nord de Mahrès, situé au sud de Sfax, et la Tripolitaine qui comprenait l’actuelle Libye et le sud tunisien, et qui était séparée de la Province d’Afrique par la Fossa Regia, une fortification militaire appelée aussi Limes qui coupait le sud tunisien en diagonale.
Même peuple, même origine, même histoire, même géographie… la complémentarité économique ne peut être qu’une résultante. Toutefois, l’avenir des relations tuniso-libyennes ne peut pas être le même que par le passé; il doit être repensé, fructifié, consolidé, à défaut d’être une exception, pour poser, enfin, le premier véritable jalon du Grand Maghreb économique.
Pour ce faire, quelques réflexions doivent être menées comme les pistes suivantes:
1- Facilitation des procédures de séjour de travail: actuellement il faut 2 mois pour un Tunisien pour avoir un permis de travail en Libye, il faut dispenser les Tunisiens en Libye et les Libyens en Tunisie de ce document. Et donner aux habitants une position privilégiée. On doit pouvoir voyager, séjourner et travailler sans aucune autorisation.
2- Facilitation de création ou d’ouverture de sociétés tunisiennes en Libye et sans l’obligation d’avoir un associé libyen qui doit être majoritaire (comme c’est le cas par exemple en Algérie), et idem pour la Tunisie; tout en diminuant le minimum exigé pour constituer une SA en Libiye à 100.000 dinars tunisiens au lieu de 1 million DT actuellement, et vice versa pour les libyens souhaitant exercer en Tunisie.
3- Ouvrir le droit de propriété en achat ou en location ainsi que du séjour et de la résidence aux Libyens en Tunisie et aux Tunisiens souhaitant s’installer en Libye, sans aucune contrainte ni autorisation. Ce qui aurait pour effet de diminuer le commerce parallèle –entre les deux pays- qui est estimé à 3 fois en valeur que le commerce légal.
4- Faciliter le libre-échange des produits d’origine libyenne ou tunisienne sans aucune contrainte. Actuellement, ce n’est pas le cas, car il y a un réel décalage entre les conventions et leurs applications.
5- Enlever l’embargo libyen qui frappe des produits tunisiens, qui n’ont pas le droit d’être commercialisés en Libye.
6- Instaurer le libre-échange des monnaies des deux pays, c’est-à-dire que le dinar libyen soit échangeable dans les banques tunisiennes et vice versa. Car actuellement il existe un très grand marché de change informel, dans le sud tunisien où les commerçants acceptent le payement en dinars libyens, et que tout Tunisien puisse régler ses achats en Libye en dinars tunisiens. Sachant qu’à chaque fois que la réglementation ne s’adapte pas, l’informel prend la place et instaure un système parallèle.
7- Permettre aux cliniques et hôpitaux tunisiens de s’installer en Libye… sans aucune contrainte ni procédure complexes.
8- Ouvrir les écoles, lycées et universités tunisiens aux Libyens sans aucune contrainte ni limitation du nombre et gratuitement, du moins dans le secteur public.
9- Permettre aux banques tunisiennes de s’installer en Libye avec facilités, et vice versa pour les banques libyennes.
10- Permettre aux Libyens de passage ou résidents en Tunisie d’ouvrir facilement des comptes en dinars tunisiens. Ce qui n’est pas le cas actuellement.
11- Instituer pour les habitants qui vivent dans un rayon de 150 km de la frontière de se déplacer dans les 2 pays avec une carte spéciale et non avec le passeport.
12- Mettre en place la convention mutuelle de la CNSS, car actuellement les Tunisiens travaillant en Libye ne peuvent pas bénéficier, lors de leur retour en Tunisie, de des services de la CNAM ni de la CNSS.
13- Enlever le roaming entre les opérateurs des 2 pays. On est facturé, qu’on soit en Libye ou en Tunisie, selon la taxation de l’opérateur et non avec un surplus roaming. Il existe en Afrique plusieurs pays qui mettent ce type de service, comme entre la Mauritanie et le Sénégal, etc.
14- Parachever l’exécution de l’autoroute Gabès-Ras Jedir et ouvrir des lignes maritimes régulières entre Tunis, Sfax et Zarzis et Tripoli et Benghazi. Ouvrir de nouvelles lignes aériennes quotidiennes entre les aéroports de Sfax, Djerba, Monastir et des villes libyennes comme Tripoli, Benghazi, etc., avec des prix low coast, et ce pour intensifier les échanges.
15- Favoriser la création de résidences et hôtels de ville pour les familles libyennes visitant la Tunisie dans les quartiers résidentiels dans les grandes villes tunisiennes.
Autant d’idées et de pistes d’amélioration… Les 2 pays doivent travailler pour un statut particulier pour leurs citoyens et permettre ainsi une meilleure intégration économique. C’est la seule voie pour la Libye d’accélérer sa croissance et d’améliorer ses services, et pour la Tunisie de résoudre la crise de chômage qui frappe quelque 700.000 tunisiens.