Conflit gazier : l’Ukraine ne fusionnera pas Naftogaz avec Gazprom

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ège de Gazprom à Moscou, le 30 juin 2011 (Photo : Natalia Kolesnikova)

[03/09/2011 17:57:56] DOUCHANBE (Tadjikistan) (AFP) L’Ukraine a réitéré samedi son refus de se plier aux conditions de Moscou sur la fusion de sa société publique d’hydrocarbures Naftogaz avec le géant russe Gazprom, en échange d’une réduction du prix du gaz russe, renforçant les tensions entre les deux pays.

“Cela n’arrivera pas”, a déclaré le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, cité par l’agence Interfax, en marge d’un sommet régional à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, réunissant les chefs d’Etats des pays membres de la Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les pays baltes et la Géorgie).

“Toute sorte de pressions sur ces questions est humiliante pour nous”, a-t-il ajouté.

“Tout d’abord, on nous met dans une impasse, ensuite on nous dicte les conditions. C’est humiliant, pas pour moi personnellement, mais pour l’Etat, et je ne peux pas permettre cela”, a-t-il renchéri.

La tension ne cesse de monter entre la Russie et l’Ukraine, qui tente depuis des mois de renégocier à la baisse le prix du gaz acheté à la Russie, actuellement à presque 400 dollars les 1.000 mètres cubes, selon Kiev.

Le Kremlin se dit prêt à baisser le prix à condition que Kiev accepte d’entrer dans l’Union douanière formée par la Russie, le Bélarus et le Kazakhstan, et de fusionner Naftogaz avec Gazprom. Kiev a maintes fois rejeté cette proposition.

Cette semaine, l’Ukraine a haussé le ton et posé un ultimatum à Moscou pour trouver d’ici mi-octobre un accord à l’amiable, menaçant en cas d’échec de contester en justice les contrats gaziers avec Gazprom.

“La Russie est prête à défendre sa position devant n’importe quel tribunal”, a cependant déclaré samedi Natalia Timakova, la porte-parole du président russe, ajoutant que Dmitri Medvedev et Viktor Ianoukovitch avaient “échangé leurs points de vue en marge du sommet” de la CEI.

Il n’y a cependant pas eu de réunion de travail séparée entre les deux présidents, a-t-elle précisé, citée par les agences russes, alors que Kiev avait émis ce souhait.

Mme Timakova a de plus indiqué que la Russie considérait que les contrats devaient être honorés “même en cas de réorganisation de Naftogaz”.

L’Ukraine a en effet annoncé vendredi qu’elle allait démanteler en plusieurs groupes indépendants son joyau du gaz, justifiant ainsi une révision des contrats en vigueur.

“Nous considérons qu’il est inacceptable de procéder à des manipulations avec des procédures de réorganisation afin de justifier un renoncement unilatéral à l’accord”, a-t-elle souligné.

Des conflits sur le prix du gaz russe payé par les Ukrainiens ont, par le passé, entraîné plusieurs crises qui ont conduit au blocage des approvisionnements européens.

Par ailleurs, samedi, le président russe Dmitri Medvedev a tenu des négociations bilatérales avec son homologue turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov. Cette semaine, M. Berdymoukhamedov a déclaré que son pays avait “atteint un niveau de partenariat stratégique avec la Russie”.