Le Centre international pour la justice transitionnelle (CIJT, International Center for Transitional Justice) vient juste de terminer le relooking de son site Internet arabe. Cette opération n’est pas fortuite.
Après la chute des régimes de Ben Ali et de Hosni Moubarak –suivie depuis peu de celle du pouvoir Kadhafiste-, le Centre internationel pour la justice transitionnelle vise à mettre son expertise à la disposition de ces pays –et ceux où la révolution n’a pas encore triomphé (Syrie, Bahreïn et Yémen) pour les aider à mener «une réflexion sur les moyens de traiter les violations de droits de l’homme passées et renforcer (the rule) la loi». Et c’est en Tunisie que l’ICTJ est le plus près d’entamer la mise en œuvre d’une série de projets destinés à atteindre l’objectif ultime consistant à «bâtir des sociétés justes, des sociétés qui, garantirant les droits de l’homme, offriront la justice et (redress) ceux qui ont souffert», selon le mot de David Tolbert, président de l’ICTJ.
Plus concrètement, cette organisation non-gouvernementale basée à New York œuvre à aider les sociétés en transition «à faire face aux défis (legacies) de violations massives des droits de l’homme et à bâtir la confiance civique dans les institutions de l’Etat comme protecteurs des droits de l’homme».
Après l’organisation à Tunis à la mi-avril d’une conférence internationale («Faire face au passé, bâtir l’avenir») destinée à permettre aux Tunisiens de prendre connaissance des différentes options de la justice transitionnelle et des leçons apprises d’expériences d’Europe de l’Est, Amérique latine et Afrique, l’ICTJ se prépare à entrer dans le vif du sujet. A cet effet, cette institution va recruter un consultant qui sera à même de piloter le chantier de la mise en place d’une justice transitionnelle en Tunisie.
Chargé d’apporter son soutien administratif, technique et «substantive» au directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord dans le développement et la mise en œuvre des activités de l’ICTJ en Tunisie, ce «program associate» devra s’acquitter d’une bonne dizaine de tâches: œuvrer avec les responsables du Programme MENA au développement, conception, coordination –y compris avec les partenaires, sur les questions découverte de la vérité, la justice criminelle, les réparations, les réformes institutionnelles, etc.- et implémentation des activités et programmes de l’ICTJ en Tunisie, organiser la logistique, faciliter la communication avec avec les experts et partenaires locaux (responsables gouvernementaux, ambassades, donateurs, organisations de la société civile et groupes des droits de l’homme, etc.), développer un réseau de contacts, collecter des données –notamment par le biais d’interviews de «stakeholders», chercheurs, experts- et rédiger mémorandums, documents internes et rapports, explorer de nouvelles pistes de travail en Tunisie et aider l’ICTJ dans son engagement dans d’autres pays du Maghreb.
Toutefois, l’ICTJ n’opère pas seule sur ce dossier en Tunisie. L’International Peace Institue (IPI, basé à Washington), et qui a organisé le 16 mai dernier un forum politique sur «Tunisie: rechercher la justice en temps de transition», entend lui aussi apporter sa contribution à la mise en œuvre de l’une des réformes les plus difficiles dans la Tunisie post-Ben Ali.
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