ébellion libyenne, le 3 septembre 2011 à Tripoli (Photo : Patrick Baz) |
[05/09/2011 07:42:40] MONTREAL (AFP) Les grandes entreprises canadiennes dont les activités en Libye avaient été compromises par le conflit entre rebelles et forces kadhafistes saluent la levée des sanctions unilatérales canadiennes, mais attendent encore la stabilisation du pays avant d’y reprendre du service.
Suncor, premier groupe pétrolier canadien, qui détient des gisements pétroliers en Libye depuis son rachat en 2009 de Pétro-Canada, jadis une société d’Etat, avait stoppé sa production évaluée à 50.000 barils par jour dans le bassin de Syrte peu après le début des violences à la mi-février.
Le Canada avait gelé plus de deux milliards de dollars d’actifs libyens. Les sanctions interdisaient aussi aux citoyens et aux entités canadiennes de traiter avec le gouvernement libyen ainsi qu?avec ses institutions et ses organismes.
Les sanctions imposées par l?ONU au régime Kadhafi restent en vigueur tant qu?elles ne sont pas levées par le Conseil de sécurité. Mais le Canada a levé dès jeudi, avec effet immédiat, les sanctions économiques unilatérales qu?il avait ajoutées à celles de l’ONU. Les actifs gelés ont commencé d’être débloqués.
“Les derniers développements sont certainement positifs pour la population libyenne, mais pour Suncor il est encore trop tôt pour parler des prochaines étapes”, a déclaré à l’AFP Kelli Stevens, porte-parole du géant pétrolier établi à Calgary, métropole de l’Alberta (ouest), grande province pétrolière canadienne.
“Pour Suncor, il est encore très tôt et nous n’avons pas pris de décision à propos d’un retour”, a ajouté la responsable, soulignant notamment l’importance de la sécurité sur le terrain. Suncor avait déjà chiffré ses “pertes de valeur” d’actif à un demi-milliard de dollars en Libye pour les six premiers mois de l’année.
Si le groupe canadien a stoppé sa production en Libye, il l’a toutefois maintenue en Syrie, pays arabe où le régime du président Bachar al-Assad poursuit la répression malgré les appels à sa démission de grandes puissances étrangères, y compris le Canada.
Le maintien de la production, en partenariat avec une société d’Etat syrienne, est vivement critiqué par les opposants du régime et des organisations de défense des droits de l’Homme, mais elle ne tombe pas sous la coupe des sanctions canadiennes contre Damas, car celles-ci ne visent pas directement le secteur pétrolier.
De son côté, la grande société d’ingénierie et de construction montréalaise SNC-Lavalin réalisait d’importants projets en Libye – aéroport de Benghazi, champ de captage aquifère d’al-Koufra, une zone reculée au carrefour du Tchad et du Soudan, et une prison controversée à Tripoli – lorsqu’elle a cessé ses opérations et évacué son personnel dans la foulée des sanctions contre le régime Kadhafi.
“Nous sommes satisfaits d?apprendre que le gouvernement du Canada a levé les sanctions économiques empêchant les entreprises de faire affaire avec le gouvernement de la Libye”, a déclaré ce week-end dans un courriel à l’AFP Amélie Plante, chef des communications du groupe canadien.
“Nous entrevoyons avec intérêt la poursuite de nos projets qui étaient déjà en cours, mais avant de procéder, nous devons être certains que la situation est stable et sécuritaire, et nous assurer que nos employés peuvent travailler dans un environnement sécuritaire”, a-t-elle ajouté.
Le Conseil national de transition (CNT) a prolongé d’une semaine son ultimatum, désormais fixé au 10 septembre, pour la reddition des combattants de Mouammar Kadhafi retranchés dans leurs derniers fiefs. Le colonel déchu demeure, lui, introuvable.