Yen cher : les entreprises japonaises se tournent davantage vers l’étranger

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à Tokyo le 22 septembre 2010 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[05/09/2011 09:53:23] TOKYO (AFP) La cherté de la monnaie japonaise, qui renchérit le coût des produits fabriqués au Japon, incite les firmes nippones à davantage s’approvisionner à l’étranger, au détriment de fournisseurs de l’archipel, une stratégie qui risque de durer et de nuire à l’économie nationale.

Selon une étude publiée lundi par l’institut Teikoku Databank, un quart des entreprises qui commercent avec l’étranger augmentent, ou ont l’intention d’augmenter, la part de leurs fournitures hors du Japon, que ce soit pour leur production à l’étranger ou au Japon. Cette disposition permet de contourner les effets négatifs du renchérissement du yen.

La proportion tend à croître au fur et à mesure que les mois passent, a souligné l’institut.

Par ailleurs, 17% des entreprises se disent forcées de procéder à des hausses de prix à l’étranger pour conserver leurs marges, tandis que 10% indiquent être enclines à étendre leur production hors du Japon.

“Face à la hausse du yen, les sociétés prennent diverses dispositions, mais l’on constate une proportion croissante de celles qui envisagent de délocaliser davantage leur production et d’importer plus”, a relevé Teikoku Databank.

Cette stratégie vers un ancrage plus important hors de l’archipel s’explique notamment par le fait qu’une entreprise nippone sur quatre pense que le yen ne va pas durablement rebaisser face au dollar avant longtemps (au-delà de 2012).

Conscient du risque pesant sur l’économie japonaise, l’ex ministre des Finances, Yoshihiko Noda, devenu chef du gouvernement il y a une semaine, a décidé de mesures nouvelles à l’intention des entreprises, afin de leur permettre de lutter contre la force du yen et d’en profiter pour acquérir des ressources naturelles et des firmes à l’étranger.

Le yen évolue actuellement à proximité de son plus haut niveau d’après-guerre face au dollar, lequel a battu son record de faiblesse le 19 août, en tombant à moins de 76 yens.

Un yen trop élevé sabote la compétitivité des entreprises nippones sur les marchés extérieurs.

Le 4 août, sous la houlette de M. Noda, les autorités nippones sont directement intervenues sur le marché des changes, de façon unilatérale, pour faire baisser la monnaie nationale, comme elles l’avaient déjà fait le 15 septembre 2010. Ces actions de grande envergure n’ont toutefois pas eu d’impact durable, pas plus que l’intervention coordonnée des pays du G7 mi-mars, une semaine après le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est de l’archipel.

Le nouveau ministre des Finances, Jun Azumi, a indiqué lundi être prêt à “prendre des mesures décisives, si cela est nécessaire”, y compris intervenir de nouveau pour calmer des mouvements “à sens unique” inquiétants et jugés irrationnels.