L’agriculture tunisienne se prépare à l’ouverture

cooperative_agricole-1.jpgL’Union européenne est en train d’aider la Tunisie à se doter d’un Système d’Information Céréalier de prévision des récoltes et d’alerte précoce, comme l’une des composantes d’une stratégie globale d’adaptation du secteur agricole aux aléas climatiques en vue de renforcer la sécurité alimentaire.

Ce projet vise, d’après un récent rapport du ministère de la Planification et de la Coopération internationale, à renforcer les capacités du (Centre national de la cartographie et de la télédétection “CNCT“ et de celui de l’Agriculture et de l’Environnement à prévoir les productions de céréales grâce à un système de télédétection, et à permettre à la Tunisie de surmonter les difficultés structurelles entravant le développement du secteur agricole «dont notamment, l’impact des aléas climatiques sur la production agricole, la pression attendue au niveau des ressources en eau et la non exploitation optimale de toutes les opportunités d’exportation offertes dans le cadre de l’accord de partenariat avec l’Union européenne».

Plus généralement cette action s’insère dans un plan ayant pour but –comme ce fut le cas pour le Programme de Mise à Niveau (PMN) administré à l’industrie tunisienne en vue de l’instauration de la zone de libre-échange avec l’Union européenne- de «préparer au mieux» la Tunisie «à la libéralisation des produits agricoles dans le cadre des échanges multilatéraux et à multiplier les efforts en vue d’une meilleure gestion des excédents de production».

En cours de négociation depuis quelques années, la libéralisation du commerce des produits agricoles et celle des services constitue la prochaine étape de l’approfondissement des relations économiques et commerciales tuniso-européennes, dans le cadre du Plan d’Action Voisinage.

Mais la mise à niveau de l’agriculture en général et la mise en place d’un système d’information céréalier n’ont pas de l’importance uniquement dans la perspective d’une augmentation des exportations de produits agricoles sur le marché européen. Cette action est aussi essentielle dans une optique locale: alors que les céréales figurent parmi les sept produits agricoles stratégiques et constituent le principal produit alimentaire, la production nationale ne couvre en moyenne que 50% des besoins nationaux.

Très dépendante des précipitations, d’après le rapport du ministère de la Planification et de la Coopération internationale, la production nationale «peut varier de 5 millions de quintaux en année sèche à 30 millions de quintaux en année humide. D’où le besoin impératif pour les décideurs d’avoir des prévisions précoces des productions pour engager les dispositions nécessaires en matière d’importation des céréales, de gestion des récoltes, de stockage, de transformation, etc.».

Le nouveau système d’information céréalier dont le déploiement est envisagé doit remplacer le système des statistiques agricoles actuel, qui présente l’inconvénient de reposer «sur un dispositif basé sur des enquêtes aréolaires qui demandent une importante mobilisation humaine et matérielle pour les enquêtes de terrain. Le principe de cette méthode est de constituer des groupes homogènes (strates) et d’y prélever au hasard des échantillons (segments) qui seront enquêtés sur le terrain. Les estimations des superficies se font sur la base de modèles d’extrapolation». D’après le rapport du ministère de la Planification et de la Coopération internationale, ce dispositif présente plusieurs inconvénients.

D’abord, «les strates et les segments utilisés comme base de sondage pour l’estimation des surfaces datent de plus de 10 ans». En outre, les documents sur lesquels ont été délimitées ces unités sont eux aussi anciens -ils datent des années 1950 pour les cartes topographiques, et de 1985 pour les photographies aériennes servant de support aux enquêtes terrain.

Afin de donner des estimations en rapport avec la couverture actuelle du sol, ces unités de sondage et support doivent être actualisées. Enfin, le système conventionnel actuel des statistiques agricoles ne permet d’avoir que des estimations tardives de la production disponibles généralement après la récolte.

La télédétection s’avérant de ce fait incontournable, divers programmes ont été mis en place dans plusieurs pays grands producteurs de céréales pour introduire les données de télédétection dans les méthodes conventionnelles -américain LACIE (The Large Area Crop Inventory Experiment), pour la prévision des récoltes dans plusieurs pays grands producteurs de céréales, AGRISTARS (Agriculture & Resources Inventory Surveys Thru Aerospace Remote Sensing) pour l’amélioration des statistiques agricoles aux Etats-Unis, MARS (Monitoring Agriculture with Remote Sensing) pour l’amélioration des statistiques agricoles et la prévision des récoltes en Europe, AGRIT pour la prévision des rendements des grandes cultures en Italie, et AGRIMA sur l’application de la télédétection spatiale aux statistiques agricoles au Maroc, etc.

En Tunisie, c’est au CNCT que la mise en place du programme de «suivi des campagnes céréalières et de prévisions précoces des productions du blé et de l’orge par télédétection» (SCAT) a été confiée. Entamé en 2009, en collaboration avec les représentants du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement (Agence de Promotion des Investissements Agricoles, INGC, DGEDA, DGPA et DGRE) et de l’INM, ce chantier va durer trois ans.

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