étruit le 6 septembre 2011 à Misrata. (Photo : Carl de Souza) |
[07/09/2011 08:37:12] TRIPOLI (AFP) Les nouveaux dirigeants de Tripoli ont pour défi immédiat de pousser les Libyens à reprendre le travail, de gérer les pénuries d’eau et de carburant et d’améliorer la sécurité. A plus long terme, ils entendent transformer complètement l’économie du pays.
“Nous avons hérité d’une économie complètement désorganisée”, souligne Abdallah Chamia, chargé de l’économie au sein de l’exécutif transitoire libyen.
Pour cet homme qui a pour mission de relancer l’activité économique et aider à assurer des revenus décents aux Libyens, le constat est sombre : “Il n’y a pas un seul secteur qui apporte de la valeur ajoutée”.
C’est que, selon M. Chamia, l’économie comme d’autres secteurs a été gérée pendant les 42 ans du régime de Mouammar Kadhafi au gré des intérêts et des fantaisies du clan de l’ancien homme fort du pays.
Le résultat a été un mélange excentrique de socialisme, de capitalisme, de paternalisme et de népotisme, sans direction ou objectifs clairs.
“C’était une sorte de cocktail”, relève M. Chamia.
Un cocktail avec un seul ingrédient réel : le pétrole brut de haute qualité extrait des sables du désert libyen et qui a financé les grandes parades militaires qu’affectionnaient Mouammar Kadhafi et le train de vie luxueux des siens.
Aujourd’hui, le secteur pétrolier contribue à hauteur de 98% aux recettes à l’exportation et les experts estiment qu’il manque d’investissement.
Le Conseil national de transition (CNT) compte bâtir une économie qui donne une place au secteur privé et n’est pas seulement dépendante du pétrole.
“La diversification de l’économie est une question fondamentale à laquelle nous devons nous attaquer”, souligne M. Chamia.
Alors que le pétrole et les services peuvent continuer à être gérés par l’Etat, des privatisations sont à envisager ainsi qu’un afflux de capitaux étrangers, selon le responsable économique des autorités intérimaires.
Ces investissements sont d’autant plus nécessaires que les Libyens ont beaucoup d’attentes qui ont été exacerbées par le feu de la révolution.
De nombreux Libyens parlent de leur désir de démocratie mais ils se plaignent des bas salaires dans l’administration où ils sont présents en force.
Ils veulent profiter de la manne pétrolière et se voient comme les Qataris ou les Koweïtiens, même si ces pays ne sont pas des modèles de démocratie.
Mais des experts craignent de voir le CNT mettre la charrue avant les boeufs.
“La tâche la plus urgente est de reprendre le pompage de pétrole et ils auront à mettre beaucoup d’efforts dans la reconstruction des infrastructures”, a déclaré Mohsin Khan, un ancien directeur pour le Moyen-Orient au Fonds monétaire international, travaillant pour le Peterson Institute de Washington.
“Avant que cela ne se mette en place, il va être très difficile pour eux de faire quelque chose, car il n’y aura pas de revenus”, estime-t-il.
Selon Ross Cassidy, un expert pétrolier britannique du cabinet de conseil Wood Mackenzie, cela pourrait prendre 36 mois à partir de la fin des hostilités pour atteindre le niveau de production d’avant le conflit.
Reste que le CNT dispose d’avoirs détenus par la Banque de Libye et le fonds souverain du pays qui sont estimés à 170 milliards de dollars.
Selon M. Khan, “une bonne partie” de cet argent sera nécessaire pour reconstruire les infrastructures.