Le spectre de la guerre des monnaies plane sur le G7 après l’action suisse

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é en août 2011 contre un billet de 50 euros (Photo : Fabrice Coffrini)

[08/09/2011 16:50:53] LONDRES (AFP) L’intervention de la Banque centrale suisse (BNS) pour enrayer l’appréciation de la devise helvétique marque, à l’approche d’une rencontre du G7, un nouvel épisode de la “guerre des monnaies” qui oppose depuis plusieurs mois économies fortes et en difficulté.

La BNS a annoncé mardi, et à la surprise générale, qu’elle fixait un cours plafond à sa devise par rapport à l’euro, à 1,20 franc suisse pour un euro, afin d’enrayer le renchérissement continu de sa monnaie handicapant son économie.

Le franc suisse, considéré comme une valeur sûre, avait connu ces dernières semaines une progression fulgurante, pulvérisant en août de nouveaux records face à l’euro comme au dollar, porté par un afflux d’investisseurs cherchant à se protéger des turbulences des marchés financiers.

Même efficace à court terme, cette initiative “ne permet pas de balayer le vrai problème auquel fait face la BNS, qui est la forte demande en valeurs sûres des investisseurs”, du fait du contexte économique mondial déprimé et aux perspectives lugubres, estime Jane Foley, analyste chez Rabobank.

Plus inquiétant, la décision unilatérale de la banque centrale helvète “marque une nouvelle étape dans la guerre des changes mondiale, la Suisse rejoignant la Chine et la majeure partie du continent asiatique en arrimant sa monnaie pour atténuer l’impact de sa hausse”, a observé Lee Hardman, analyste de Bank of Tokyo-Mitsubishi.

Tout en restant discrets publiquement sur ce point, les grands argentiers des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni) devraient analyser l’intervention surprise de la BNS lors de leur réunion de vendredi et samedi à Marseille (sud-est de la France).

Car la marge de manoeuvre des autorités monétaires est faible et “les opportunités d’investissement aux Etats-Unis et en Europe sont limitées”, ont souligné Paul Robinson et Sree Kochugovindan, de la banque Barclays Capital.

Ainsi, l’action de la banque centrale suisse “risque de reporter des afflux d’investissement dans les zones de plus forte croissance dans le monde, et d’accroître la probabilité de voir les économies concernées prendre à leur tour des mesures pour limiter l’impact des effets de change”, ont estimé les analystes.

La banque centrale norvégienne, Norges Bank, s’est d’ailleurs dite prête dès jeudi à intervenir pour contrer une envolée de la couronne norvégienne qui a atteint des niveaux records face à l’euro, les cambistes s’étant rabattus en masse sur la devise d’une économie dont les fondamentaux sont considérés comme solides.

Au Japon, où le yen, également considéré comme une valeur refuge, s’est aussi envolé ces derniers mois, la Banque du Japon (BoJ) a estimé jeudi que les mesures additionnelles d’assouplissement monétaire décidées début août étaient pour le moment suffisantes.

Mais les pays dont l’économie est moins vaillante pourraient faire face à des difficultés renforcées, comme le prédit depuis un an le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega.

Selon lui, les Etats-Unis et la Chine dévaluent volontairement leur monnaie pour résoudre leur déficit budgétaire, poussant ainsi d’autres monnaies, comme le real brésilien, à la hausse, ce qui freine la reprise et le développement d’économies fragiles.