Chine : l’inflation ralentit mais reste un casse-tête pour le gouvernement

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est de la Chine, le 9 septembre 2011

[09/09/2011 10:45:09] PEKIN (AFP) L’inflation a légèrement ralenti en Chine au mois d’août, pour la première fois depuis plusieurs mois, mais Pékin restera encore durablement aux prises avec une pression élevée sur les prix, selon les analystes.

La hausse de 6,2% de l’indice des prix à la consommation annoncée vendredi par le Bureau national des statistiques (BNS) est légèrement inférieure au pic de 6,5% enregistré en juillet, qui correspondait au niveau le plus élevé en plus trois ans.

Le gouvernement chinois s’inquiète de la hausse des prix qui affecte particulièrement les ménages les plus modestes et pourrait déboucher sur de l’instabilité sociale.

D’autant que l’inflation continue d’être tirée à la hausse par les prix alimentaires, qui ont bondi de 13,4% en août sur un an, tandis que celui de la viande de porc s’est envolé de 45,5%, a précisé le BNS.

La hausse des prix est aussi plus forte dans les campagnes (6,7%) qu’en ville (5,9%).

Le gouvernement chinois avait déclaré en mars vouloir contenir l’inflation “autour de 4%” en 2011 mais avait reconnu au début de l’été que cet objectif serait difficile à tenir et avait dit espérer qu’elle ne dépasserait pas 5% pour l’ensemble de l’année.

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ût 2010 à août 2011

“Nous nous attendons à une moindre pression sur les prix pour les trois à six mois à venir. Mais aujourd’hui ce ne sont que des chiffres pour un seul mois et l’inflation pourrait rebondir”, a déclaré à l’AFP Brian Jackson, de la Royal Bank of Canada.

“Il y a une chance pour un resserrement supplémentaire si l’inflation ne ralentit pas aussi vite que les autorités le souhaitent”, a averti M. Jackson.

La légère accalmie de l’inflation survient alors que le rythme de la hausse de la production industrielle dans “l’atelier du monde” a fléchi à 13,5% sur un an en août, contre 14% en juillet.

Les ventes de détail, principale jauge de la consommation des ménages, ont augmenté le mois dernier de 17%, moins vite que les investissements en capital fixe, en progression de 25% sur un an.

Dans ce contexte, personne ne s’attend à une baisse des taux d’intérêt dans l’immédiat. Le gouvernement “ne va pas mettre en oeuvre une politique monétaire plus accommodante avant une baisse importante de l’inflation”, selon Liu Hongke, un analyste de la China Construction Bank (CCB) International basé à Pékin.

“L’inflation baisse, mais elle est toujours présente”, selon une note du cabinet de consultants IHS Global Insight, d’après laquelle “la pression sur les prix devrait rester un facteur clé des mesures gouvernementales dans les deux ans à venir”.

IHS souligne le dilemme dans lequel se trouve le gouvernement chinois alors qu’une deuxième récession, après celle de 2008-2009, menace les Etats-Unis et l’Europe, et que la santé de l’économie chinoise dépend encore en grande partie de celle de ses exportations.

“Tandis que l’environnement externe s’affaiblit, le ralentissement interne provoqué par des mesures gouvernementales s’accentue, mais les pressions inflationnistes élevées réduisent sa marge de manoeuvre pour un desserrement monétaire”, selon ce cabinet.

“Il devient de plus en plus difficile de trouver un équilibre entre l’inflation et la croissance”, estime aussi Yao Wei, une économiste de la Société Générale basée à Hong Kong.

Selon elle, certaines banques pourraient voir leur taux de réserves obligatoires baisser, ce qui revient à leur permettre d’accorder davantage de crédit.

Enfin, la banque centrale chinoise a procédé cette semaine à sa huitième injection consécutive de liquidités dans le système financier, qui est aussi la plus grosse depuis juin, ce qui pourrait être un signe que l’assouplissement monétaire a déjà commencé, selon IHS.