Non, rassurez-vous, il ne s’agit pas du retour de Ben Ali, ou de l’économie mafieuse de son clan! L’économie mauve, c’est le substrat culturel mis au service de l’économie, c’est faire de la croissance autrement, impliquer les gens -des plus petites bourgades aux plus grandes villes-, mais aussi des plus jeunes aux plus expérimentés, dans une création de valeur, différente.
Voici un extrait de l’édito du site www.economie-mauve.ord….
«Paris accueillera les 11, 12 et 13 octobre 2011 le 1er forum international de l’économie mauve. Cet évènement réunira de nombreux représentants des cultures du monde. Il leur offrira la possibilité d’amorcer, dans les six langues officielles des Nations unies, une réflexion commune sur ce thème».
Oui je suis contente, car mon thème favori prend de plus en plus de l’importance, au niveau mondial, et je n’espère qu’une chose, que les décideurs, entrepreneurs et autres investisseurs de mon pays comprennent l’importance de cette tendance nouvelle sur la planète, et comprennent surtout le gisement extraordinaire de valeurs à créer, d’activités et d’emplois à créer sous cette bannière.
Qu’est-ce que le substrat culturel? C’est tout ce qui relève de l’empreinte de l’Homme, dans son environnement et dans sa vie parmi les siens. C’est tout ce qui reflète une spécificité, une identité, une différence… une culture, oui. On peut bâtir des hôtels 3 et 4 étoiles partout dans le monde, avec des piscines, l’accès à la mer, un buffet avec les restes d’hier.
Mais il n’y a que chez nous que l’on fabrique la Bsisa, que des familles entières détiennent un savoir-faire spécifique et ancestral dans la conception de ce produit. Voilà de la valeur ajoutée, teintée du substrat culturel. Voilà une esquisse de l’économie mauve, à la tunisienne.
L’économie mauve, une tendance nouvelle, qui naît des cendres du capitalisme financier, spéculatif, volatil, mais surtout… qui ne sert qu’à enrichir encore plus les plus riches, et précariser ceux qui sont déjà assez précaires. Une économie humaine? Oui, on peut le dire, dans le sens où beaucoup plus de gens peuvent créer de la valeur, concevoir et vendre un produit, un service, un séjour dans une maison d’hôte, un circuit touristique… et de façon éclatée. Eclatée et non centralisée, car merci Internet, tout individu peut toucher –littéralement- le reste du monde, en proposant son produit ou son service sur la toile…
En tout cas, une chance extraordinaire pour nous autres, petits pays, sans grandes ressources, avec une population équivalente à celle d’une petite ville en Chine, de se donner les outils d’une économie réellement solide, car fondée sur des ressources qui nous sont spécifiques. Qui ne sont donc pas ou peu copiables. (Resources based theory/view, Wernerflet, Rumlet, Prahalad et Hamel).
Je ne dis pas que l’Etat va prendre des vacances, qu’on n’a plus besoin de l’Etat, pour lancer ce genre d’activités à valeur ajoutée culturelle. Je dis que l’Etat doit aider, en lançant des campagnes de communication réellement innovantes, pour vendre le substrat culturel. Il doit se consacrer à mettre en place une infrastructure qui puisse promouvoir toutes ces activités et les rendre opérationnelles.
L’Etat doit jouer un rôle catalyseur, intelligent, en formant les gens, à l’entrepreneuriat, à la rédaction/constitution d’un business-plan, aux différentes possibilités de pénétrer des marchés mondiaux, rien qu’avec un PC et une connexion ADSL.
Tous ces jeunes qui quittent leurs régions, pour aller faire des études théoriques, durant des années, et rencontrer ensuite l’amertume… de l’inadéquation de ce dont on leur a bourré le crâne, et les requis du marché du travail, déjà assez saturé. Tous ces jeunes… bourrés d’énergie, mais frustrés la plupart du temps, l’Etat doit penser des politiques nouvelles pour libérer leurs potentiels, pour leur donner les outils de créer et d’entreprendre, mais aussi l’envie de le faire.
Car ils restent souvent victimes/auteurs des normes classiques de la réussite sociale: 4 ans d’études supérieures, et un travail «propre» … ‘khedma ndhifa’, tranquille derrière un bureau, avec un petit salaire à la fin du mois.
Du pain sur la planche…
A bon entendeur.