Grèce : Papandréou face à la colère de la rue

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à Thessalonique, en Grèce, le 10 septembre 2011 (Photo : Aris Messinis)

[10/09/2011 18:04:44] SALONIQUE (Grèce) (AFP) Le gouvernement grec affrontait samedi la colère de la rue à Salonique, pour le discours de rentrée du Premier ministre, Georges Papandréou qui devait prôner un nouveau sursaut de rigueur afin de conjurer la menace d’un lâchage du pays surendetté par l’UE et le FMI.

Des échauffourées ont éclaté samedi en début de soirée dès le commencement des diverses manifestations où environ 20.000 personnes ont été comptabilisées par la police, qui quadrillait la ville grâce à un dispositif sans précédent de 7.000 hommes.

Les forces anti-émeute ont fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser quelque 3.000 propriétaires de taxis qui protestaient contre la libéralisation de leur profession, à proximité du centre de congrès Vélidio où M. Papandréou doit prononcer son discours.

D’autres cortèges rassemblant au total 17.000 manifestants, étudiants, syndicalistes, “indignés” et militants communistes etaient tenus à distance du Vélidio. Des invités costumés avaient auparavant été victimes de jets d’oeufs et de bouteilles d’eau.

La police, qui a annoncé deux arrestations sur une soixantaine de contrôles préventifs, surveillait notamment de près un rassemblement agité de milliers de supporteurs du club local de football Héraklis protestant contre leur exclusion de la 1ère division.

Cette montée de tension répond à un nouveau tour de vis annoncé par le gouvernement socialiste grec face aux réticences croissantes des partenaires et créanciers du pays à l’aider à s’extraire de la spirale de l’endettement.

Après une nouvelle salve de rappels allemands à la discipline bugétaire, et la relance en Europe du débat sur une éventuelle sortie du pays de l’euro, la démission vendredi du chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), l’Allemand Jürgen Stark a constitué un nouveau coup de semonce pour le pays.

Le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a aussi dû vendredi soir démentir des rumeurs de marchés sur une cessation de paiement imminente du pays. Il a réitéré que la priorité pour le pays était de faire la part de travail qu’exigaient de lui ses partenaires et créanciers en contrepartie de la leur : le nouveau plan public-privé de sauvetage du pays d’environ 160 milliards d’euros adopté le 21 juillet par l’UE.

La presse grecque prévoyait donc samedi que M. Papandréou insiste sur sa détermination à s’acquitter des engagements pris, au premier rang desquels le dégraissage du secteur public, la libéralisation du marché du travail et les privatisations.

Soit, en traduction grecque, des cessions au goût de “bradage” vu la faible marge de négociation laissée au vendeur, de nouvelles réductions de salaires pour des catégories de fonctionnaires, via la création d’une grille unique des salaires, et la mise au chômage technique d’employés publics jugés en surnombre, environ 20.000 selon la presse, alors que le chômage grimpe (16% en juin) et que déjà seul un fonctionnaire sur dix est censé être remplacé.

Après une réunion de l’eurogroupe en Pologne, et une d’urgence du Fonds monétaire international sur la situation grecque, la délégation UE-FMI chargée de surveiller les comptes grecs est de nouveau attendue la semaine prochaine à Athènes, pour reprendre une mission suspendue le 2 septembre face aux tergiversations grecques.

D’Allemagne, où se joue une partie de l’avenir de la Grèce, sont venus des signaux contradictoires samedi pour Athènes.

Tandis que le magazine Der Spiegel, coutumier des attaques contre la Grèce, affirmait que le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s’attendait à une faillite du pays, la chancelière Angela Merkel a appelé ses concitoyens à faire preuve de patience à l’égard d’Athènes en rappelant combien il fut difficile de reconstruire l’ex-RDA après la réunification allemande.