Dans tous les sondages «politiques» de Sigma Conseil, Ennahdha tenait toujours la première place dans les intentions de vote. Le dernier en date n’a pas fait l’exception. En effet, le baromètre politique, effectué entre le 6 et le 9 septembre 2011, montre que ce parti tient toujours la tête avec 22,8% des intentions de vote des 2.513 personnes interviewées en âge de voter (18 ans et plus). Il est suivie de très loin par le PDP (10,9%), Ettakatol (9,2%), le CPR (4,5%), Al Watan (3,1%), l’Initiative (3,1%). L’UPL fait son apparition avec 1,7% alors qu’il était absent dans le dernier sondage au mois d’août. Ettajdid vient juste après avec seulement 1,3%, le PCOT (0,8%), Afek (0,7%) et El Majd (0,6%).
Cinq partis en tête…
Trois partis se partagent la part du lion avec 98% des intentions de vote exprimées pour des partis qui ont une référence avant le 14 janvier. Mais il y a aussi un changement de tendance. Désormais, plus de 50% des personnes interviewées savent pour qui voter alors que ce n’était pas le cas auparavant. L’UPL fait son apparition pour la première fois, due à la campagne publicitaire de grande envergure, selon Hassen Zargouni, directeur général de Sigma Conseil.
Autre fait saillant de ce sondage, c’est celui des intentions de «ne pas voter pour». On se trouve avec la même tête de liste précédente, à savoir Ennahdha (19,1%) qui est suivi, cette fois-ci, par le PCOT (18,1%), soit près de 40% des interviewés.
Concernant le nombre de sièges que chaque parti pourrait obtenir, le sondage montre que, si l’élection de la Constituante avait aujourd’hui, cinq partis représenteraient près de 90% de l’Assemblée nationale Constituante: Ennahdha avec 80 sièges (40,2%), le PDP avec 40 sièges (20,1%), Ettakatol avec 30 sièges (15,1%), le CPR avec 16 sièges (8,2%), l’Initiative avec 10 sièges (5,0%). L’UPL se trouve avec 8 sièges (4,1%), arrivent ensuite Ettajdid avec 6 sièges (3,0%), al Watan avec 3 sièges (1,4%), Afek avec 3 sièges (1,3%), le PCOT avec 2 sièges (1,1%). Et pour la première fois, selon ce sondage, il y aurait même un indépendant, à savoir Hechmi Hamdi (0,5%).
Et les indépendants?
En réponse à une question sur l’importance du référendum pour fixer la durée de la Constituante, 57,0% des interviewés sont pour alors que 18,7% sont contre.
Concernant l’organisation d’un éventuel référendum en même temps que l’élection de la Constituante, 71,2% des électeurs d’Ettakatol sont pour, 70,0% des électeurs du PDP et 58,6% des électeurs d’Ennahdha.
Par ailleurs, des participants à la présentation de ce sondage n’ont pas d’adresser des vives critiques vis-à-vis de ses résultats. Certains estiment que ce sondage est «totalement biaisé» puisqu’il n’a pas pris en compte les listes indépendantes et les circonscriptions. D’autres appellent tout simplement à une mise à jour urgente des résultats de ce sondage. M. Zargouni a promis que cela sera fait, c’est-à-dire que le prochain sondage se fera par circonscription.
Trop tard pour le référendum…
D’un autre côté, le débat était assez riche, surtout avec la présence de Slim Laghmani, professeur de droit constitutionnel à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Il a exposé sa vision sur le référendum et sur l’Assemblée constituante. Pour éviter un sur-pouvoir de celle-ci, il indique qu’il faut prendre en compte l’entité opposition parlementaire qui doit être reconnue par la Constitution. Il s’agit aussi de développer la culture politique pour que tout président assume dans l’avenir sa qualité d’arbitre de la vie politique et se détache de son appartenance à tel ou tel parti.
Selon son analyse, il estime que la Tunisie vit actuellement trois déficits majeurs: un déficit de citoyenneté puisque pendant des décennies l’Etat n’a pas donné aux citoyens d’exercer leurs droits politiques. Un déficit de civisme: «la chose publique n’est pas la nôtre, dénotant cette rupture entre les citoyens et l’Etat. Un déficit de civilité: «on n’a pas l’impression de constituer une communauté» due à une politique de l’Etat se basant sur la division administrative et régionale. «Tout était fait pour nous diviser».
En ce qui concerne le référendum, M. Laghmani affirme qu’il est trop tard pour le faire. «Comme on dit, l’utile n’est pas nécessaire. En plus, quelle question va-t-on poser et qui va la poser?». Il ajoute que l’Assemblée nationale constituante sera appelée à mettre en place un règlement intérieur qui fixera ses prérogatives et tout ce qui relève des missions qu’elle doit accomplir dans les temps impartis.
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