A partir de ce lundi 12 septembre, toute forme de publicité politique, est interdite par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE).
«L’objectif de cette décision est de garantir la sécurité de l’opération électorale et l’égalité des chances à tous les candidats, limiter l’intervention de “l’argent politique” et défendre l’indépendance et la neutralité des médias», indique la TAP.
Et l’ISIE de donner ce qu’elle entend par “publicité politique“ : c’est “l’utilisation d’un parti, d’une liste candidate, de médias publics ou privés ou d’autres supports publicitaires payants ou gratuits, pour la présentation, au public, des programmes électoraux des candidats”.
L’Instance va plus loin pour souligner que “la présentation d’un candidat ou d’une liste électorale au public deux fois de suite en une seule journée dans le cadre des programmes ou des grilles destinés au suivi des activités des partis et des candidats, outre la promotion de leurs programmes électoraux”, peut être considérée comme “publicité politique déguisée“.
Par ailleurs, l’ISIE explique avoir pris sa décision “suite à l’expansion du phénomène de la publicité politique dans plusieurs médias nationaux et autres supports publicitaires en faveur de nombre de partis politiques dotés de moyens financiers énormes“, ce qui aurait perturbé le paysage politique en Tunisie et créé une grande polémique entre les différents acteurs de la vie politique et des médias.
La même source rappelle en outre que des experts et autres spécialistes du secteur de l’information ont mis en garde contre la dégénérescence possible du processus démocratique, amorcé au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011, en despotisme à travers l’argent de la politique que le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (parti au pouvoir sous le régime du président déchu) utilisait pour exercer une hégémonie sur la vie des partis, sur la scène politique et sur les médias.
Ce n’est pas tout. Car, certes il n’existe pas une loi interdisant la publicité politique, mais la décision prise, dans ce sens, par l’ISIE, «se justifie par le fait que parmi les prérogatives assignées à cet organisme par le gouvernement provisoire et la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, figure la supervision des différentes étapes de l’opération électorale».
Et cette décision est loin d’être un cas particulier à la Tunisie. En effet, l’Instance se réfère aux approches adoptées dans ce domaine par des pays qui ont vécu pareille situation et qui ont tous interdit ce genre de publicité à travers les médias tout au long de la période qui précède la campagne électorale ainsi qu’au cours du silence électoral et du jour du vote.
Concernant les médias, la TAP écrit que «les membres de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique poursuivent l’examen d’un projet de décret-loi portant sur l’organisation du secteur de la communication audio-visuelle». Il s’agirait tout simplement d’interdire aux journaux de publier des articles à caractère publicitaire aussi bien au cours qu’en dehors de la campagne électorale.
Toute violation de cet article pourrait être sanctionnée par une amende équivalente au prix du spot publicitaire diffusé. Le montant ne doit, toutefois, pas être inférieur à 10 mille dinars. L’amende est multipliée par deux en cas de récidive.