Tunisie – Emploi : Un appel au secours à l’investissement privé !

jalloul-ayed-utica-120911-1.jpg« L’emploi, c’est la responsabilité de tous », tel est le slogan de la campagne communicationnel qu’a choisi le ministère de l’emploi et de la Formation professionnelle pour inaugurer le mois de l’emploi dont le lancement officiel a été effectué ce 12 septembre 2011 à l’UTICA. Un événement sur lequel le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle tient beaucoup d’espoirs. Des espoirs qui ont été exprimés à maintes reprises concernant la lutte contre le chômage essentiellement des diplômés de l’enseignement supérieur.

Une tâche qui jusque là n’engageait que l’Etat. Le but du mois de l’emploi, qui s’achèvera le 30 courant est de faire partager la responsabilité de cette tâche à tous les acteurs du marché de l’emploi, et à leur tête le secteur privé. La journée d’ouverture n’a pas manqué d’être à la hauteur de l’événement. Quatre ministres sont venus en conclave pour assister à l’événement ainsi que de hauts responsables et des représentants du secteur privé – de l’UTICA notamment.

Des actions…

Durant ce mois, l’initiative du ministère de l’Emploi vise à concrétiser quelques actions déjà annoncées. On compte signer des conventions cadres avec les pays désirant employer des compétences tunisiennes ou instaurer une coopération en matière de formation professionnelle et signer des contrats de travail avec les entreprises du secteur privé dans le cadre de la réalisation d’offres annoncées précédemment. Il s’agit aussi de l’annonce de la plupart des résultats des concours de recrutement dans la fonction publique.

D’un autre côté, on affirme qu’il sera procédé à l’annonce de nouveaux investissements à fort potentiel d’emploi, qui seront installés dans les régions. Des établissements de formation professionnelle seront inaugurés dans plusieurs domaines et des accords seront signés entre le secteur et les entreprises du secteur privé dans le cadre de l’amélioration de l’employabilité des diplômés de la formation professionnelle.

Des actions assez ambitieuses mais qui requièrent pour leur réalisation une prise de conscience collective s’appuyant sur une vision à long terme. Et c’est là que le rôle du secteur privé devient primordial. L’Etat bien qu’il ait été pour longtemps le premier investisseur, ne peut plus assumer cette tâche surtout dans le contexte actuel.

Le secteur privé…

Jalloul Ayed, ministre des Finances, indique que la création d’emploi passe par l’investissement et que l’Etat se trouve dans une situation problématique qui ne lui permet pas d’assumer cette tâche convenablement surtout avec la pression croissante sur le budget. Il indique que la caisse de compensation coûte à elle seule à l’Etat plus de 5 MDT. « La capacité de l’Etat est assez limitée actuellement pour mener un programme d’investissement dans cet environnement difficile », lance-t-il à l’audience d’hommes d’affaires.

Et pour ça, il indique que le gouvernement provisoire a pris deux mesures fondamentales. La première est la caisse des dépôts et conciliation, qui sera opérationnelle fin 2011, visant à financer les grands projets d’infrastructure. Le deuxième est le fonds générationnel, un fonds d’investissement, qui sera opérationnelle avant le 23 octobre 2011. Il lui est assigné de créer des fonds sectoriels tenus par les privés, insiste M. Jalloul, ajoutant qu’il va suivre les règles soutenues par le secteur privé tel que la prise de risque.

Mais il prévient que le système bancaire ne pourra pas supporter une importante manne d’investissement sur le long terme. « Les banques pourraient suivre les deux ou trois premières années mais après ils doivent être dotées de force financière pour poursuivre. Le secteur a besoin d’une réforme très sérieuse », explique-t-il.

Bassin de l’emploi…

De son côté, Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional, affirme que l’une des problématiques de la Tunisie est la culture de la moyenne. « Personne ne s’est intéressé auparavant aux écarts entre les régions. Le développement régional ne doit plus être perçu comme un sous-produit », précise-t-il. Il indique que la résolution de cette problématique ne pourra pas se faire sur le court terme. « Si quelqu’un vous dis que je peux résoudre la problématique du développement régional en cinq mois c’est qu’il est un homme politique, ce que je ne le suis pas ! », ajoute-t-il.

Tout se jouera sur le schéma de développement, qui devra prendre en compte la concordance entre les stratégies régionales de chaque ministère et les stratégies de chaque gouvernorat. D’ailleurs, M. Zouari prévient. Il ne faut plus parler de gouvernorats mais de régions économiques. « Le bassin d’emploi n’existe pas dans un gouvernorat mais dans une région. Et on sait tous que la division actuelle des gouvernorats a été faite selon des intérêts politiques ».

Indépendance des régions…

Il ajoute qu’il est primordial de garantir l’indépendance des régions, en instaurant des contrats-programmes avec le gouvernement. Il s’agit aussi de réviser l’appareillage de l’investissement dans les régions intérieures, à savoir le code d’investissement, qui sont assez compliquées afin d’assurer plus de transparence et d’encourager à l’investissement.

« Auparavant, on se limitait à faire une consultation nationale présentée dans une demi-journée devant les hauts responsables des ministères et les partis politiques reconnus. On veut rompre avec cette méthode. C’est pour ça qu’on a consacré un mois de l’emploi durant lequel tous les intervenants publiques et privés pourront débattre de leurs préoccupations et proposer des voies de sortie », assure-t-il.

Il est clair que la problématique de l’emploi a dévoilé une interdépendance entre la politique économique du pays et sa politique sociale, qui n’a pas été soulevé sous l’ancien régime, substituant cette problématique à un nombre croissant de jeunes diplômés et à la qualité de l’enseignement. Certes, ces aspects sont réels et nécessite des réformes profondes, mais la situation actuelle dans laquelle vit la Tunisie est due essentiellement à une politique de l’Etat qui a longtemps mis à l’écart les régions dans son schéma de développement et n’a pas su préparer un environnement favorable pour l’attraction des investissements, qui restent toujours la pierre de lance pour la résolution de la problématique du chômage.