Faillite de la Grèce : Merkel tente d’étouffer l’incendie allumé par l’Allemagne

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à Berlin (Photo : Odd Andersen)

[13/09/2011 10:52:09] BERLIN (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel a assuré mardi que tout était fait pour prévenir une faillite de la Grèce, un scénario redouté jusqu’à la Maison Blanche en raison de l’impact qu’il aurait sur la zone euro et par ricochet sur l’économie mondiale.

Brièvement soulagées par les commentaires de Mme Merkel, et dans le sillage de Wall Street et des places asiatiques, les Bourses européennes ont ouvert dans le vert mardi matin, avant de repartir à la baisse.

Le ministre allemand de l’Economie, le libéral Philipp Rösler, avait mis le feu aux poudres lundi en évoquant l’éventualité d’un défaut de paiement d’Athènes, faisant plonger les bourses européennes et notamment les valeurs bancaires.

“La priorité absolue est d’éviter un défaut de paiement incontrôlé parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d’autres pays, est très élevé”, a dit Mme Merkel mardi matin, répondant à la panique des marchés. “La déclaration de Mme Merkel doit se comprendre comme une mise au point”, a commenté pour l’AFP Thorsten Polleit, économiste de Barclays Capital.

Le président américain Barack Obama avait plus tôt exprimé son inquiétude.

“Je pense que nous continuerons à voir des faiblesses dans l’économie mondiale tant que cette question ne sera pas résolue”, a déclaré celui-ci lundi à propos des tourmentes que traverse la zone euro. “La Grèce est évidemment le problème le plus urgent”, a-t-il ajouté.

En l’absence de procédure de faillite contrôlée — l’Europe en aura une à partir de 2013, par le biais du mécanisme européen de stabilité (MES) –, les propos de Mme Merkel reviennent à exclure une faillite totale d’Athènes, fait-on valoir à Berlin.

Celle-ci aurait des conséquences catastrophiques, a prévenu l’économiste allemand renommé Peter Bofinger. “Si la Grèce ne reçoit plus d’aides, il y aura une faillite incontrôlée, avec pour résultat que le système bancaire grec s’effondre, et le risque d’une réaction en chaîne énorme, potentiellement encore plus dévastatrice que la faillite de Lehman en 2008”, selon lui.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

Le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) française, Jean-Pierre Jouyet, prédit “une restructuration plus prononcée de la dette grecque”, c’est-à-dire que les créanciers d’Athènes devront renoncer à part plus grande de leurs remboursements par rapport à ce qui était prévu jusqu’ici.

Sur le marché obligataire, les tentatives de l’Italie de se tourner vers la Chine pour acheter sa dette n’ont pas amené de répit. Une émission obligataire très attendue à cinq ans du pays, en très mauvaise posture financière et en première ligne pour subir les effets de contagion venus de Grèce, a vu les taux s’envoler. Pékin ne serait pas intéressé par les titres italiens, selon des rumeurs de marché mardi.

Le président de la commission européenne José Manuel Barroso devait rencontrer dans la journée le président du Conseil italien Silvio Berlusconi.

Alors que la Grèce annonce une mesure d’économie après l’autre et fait face à une nouvelle vague de grèves, Mme Merkel a souligné le chemin parcouru par les autorités du pays.

“D’après tout ce que j’entends en provenance de Grèce, le gouvernement grec a pris conscience de la situation et fait ce qu’il doit faire”, a jugé la chancelière, qui avait déjà appelé il y a quelques jours à la patience à l’égard d’Athènes.

“Le fait que la troïka revienne suggère que la Grèce a lancé un certain nombre de chantiers nécessaires”, a-t-elle estimé.

Le groupe d’experts (troïka) de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international chargé d’évaluer les progrès d’Athènes dans la mise en oeuvre de son programme de réformes avait quitté inopinément le pays le 2 septembre, et doit revenir à Athènes dans les prochains jours.