La Tunisie n’aura pas de sitôt des solutions de paiement par GSM, ou de portemonnaie virtuel, car la circulaire N°01/2011 de la Banque centrale de Tunisie, publiée le 6 janvier 2011 (qu’on peut consulter et télécharger en version arabe sur le site web de l’Association Professionnelle des Banques www.apbt.org.tn dans la rubrique Circulaires Règlementaires), fixe un cahier des charges contraignant et destiné exclusivement aux banques aux détriments d’autres opérateurs…
En effet, cette circulaire stipule que tout flux de paiement ou de monnaie virtuelle, ou de transfert électronique, ou de création d’un compte virtuel est considéré comme une activité exclusive des banques et des organismes financiers. Donc ni Tunisie Télécom, qui a acquis une plateforme complète de paiement par GSM, auprès de la SSII canadienne Telepin www.telepin.com, plateforme déjà opérationnelle et installée depuis fin 2010 pour un investissement dépassant le 1 million de dinars, ni Orange Tunisie qui dispose d’une solution complète de transfert électronique et de paiements par GSM (qui a été installée dans plus de 10 pays africains où cet opérateur dispose de licences), ni encore Tunisiana, ne peuvent déployer encore moins utiliser ou promouvoir le paiement par GSM. Alors que partout dans le monde, les opérateurs télécoms disposent de solutions de paiement par GSM. Encore une exception tunisienne.
Un opérateur privé tunisien, Farès MABROUK, a même constitué une société, Viamobile, dont la BIAT Bank est actionnaire et Tunisiana partenaire technologique, et qui a disposé d’un crédit bancaire de la part de la BIAT de 800.000 Dt et qui a lourdement investi dans une plateforme complète logicielle acquise auprès CREOVA, une SSII en France, installée, testée et prête pour l’emploi et qui a obtenu même un accord verbal en 2009 de la BCT pour une licence d’un opérateur financier. Avec convention avec la BIAT pour le cash in et le cash out, mais qui bien que la solution soit opérationnelle, le projet demeure à l’arrêt. Ce qui plombe ses comptes et renvoie au chômage ses cadres. Du coup, Farès MABROUK n’a pas eu de choix que de jeter l’éponge, permettant ainsi à son partenaire technologique CREOVA de devenir l’actionnaire majoritaire, avec la nomination de Madame Anissa MASMOUDI en tant que directrice générale.
Certains professionnels considèrent que la Tunisie est en retard non par rapport à l’Europe, l’Asie ou les USA, mais tout simplement par rapport à des pays africains comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Kenya, le Ghana ou encore le Nigeria où des solutions de Mpaiement ont été mises en place et utilisées depuis plus de 5 ans par les opérateurs télécoms, certes dans des pays où le taux de bancarisation est faible, mais cela a permis un raccourcis technologique. Et un saut qualitatif.
La Tunisie, à force de vouloir tout réglementer, tout légiférer, en un mot de vouloir régir et organiser tout et rien par des lois, finit par être en retard, technologiquement parlant. La preuve en est que, aujourd’hui, les operateurs télécoms qui disposent du savoir-faire, des plateformes technologiques, de réseau, des terminaux et des clients ne peuvent le faire faute d’autorisation; pareil du reste pour les banques tunisiennes qui n’ont pas engagé –à notre connaissance- de projets dans ce sens là, faute de vision, de réseau et d’innovation. Et de savoir-faire.
On espère que cette règlementation, faite avant le 14 janvier, sera modifiée par le nouveau locataire de la BCT, et ce pour propulser la Tunisie sur la voie de la modernité, du paiement électronique, du Mpaiement, de la monnaie virtuelle et de la technologie. Ca sera encore un miracle dédié au feu Mohamed BOUAZIZI!
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