éou le 10 mars 2011 à Paris (Photo : Martin Bureau) |
[15/09/2011 14:15:02] ATHENES (AFP) Le gouvernement socialiste grec dirigé par Georges Papandréou aura beaucoup de mal à tenir en quelques semaines les promesses de coupes budgétaires supplémentaires qu’il a réitérées mercredi soir auprès de Paris et Berlin, estiment les analystes.
Le Premier ministre a affiché jeudi soir sa “détermination” à renforcer la rigueur et tenir ses objectifs budgétaires pour garantir le maintien de l’aide financière de l’Union européenne et du FMI au pays asphyxié par la récession et au bord du défaut de paiement.
Concrètement, au moins trois mesures-phare vont être mises en oeuvre dans les semaines à venir, l’instauration d’une grille unique de salaire dans la fonction publique, la fusion de plusieurs centaines d’organismes para-publics qui devrait déboucher sur des réductions d’effectifs, et l’imposition d’une taxe exceptionnelle de 2 ans sur l’immobilier.
Cette dernière mesure a déclenché un tollé dans un pays où plus de 70% des gens sont propriétaires, les revenus locatifs -dont beaucoup échappent aux impôts- servant traditionnellement à la fois de bas de laine et de protection sociale de dernier recours, pour pallier les défaillances de l’assurance maladie et du chômage.
“Tous les Grecs sont responsables de ce qui arrive, 60% ne sont pas en règle avec le fisc (…) cette taxe doit être payée, si nous ne payons pas c’est la faillite, c’est la catastrophe totale” martèle Perséphone Zeris, politologue à l’université de Panteio à Athènes.
Ilias Nikopopoulos, président d’un institut de sondage, se demande néanmoins “comment” le gouvernement va faire pour mettre en oeuvre en deux mois des mesures dont il parle depuis 18 mois sans passer aux actes. “On vit au jour le jour” dit-il.
Les défaillances d’une administration fiscale peu motivée par les coupes salariales qu’elle a déjà subies et la culture d’impunité que le système politique a laissé s’ancrer menacent l’ensemble du chantier de réformes.
“C’est tout l’Etat grec qui doit être réformé” soupire une source diplomatique européenne en reconnaissant qu’il faut en général une génération pour y parvenir.
Le 26 septembre, soit dans dix jours, les organismes para-publics devant fusionner sont sommés de présenter des listes comportant les noms de 10% de leurs salariés, qui vont être purement et simplement licenciés.
“C’est fait n’importe comment. Par manque de temps, ils appliquent la même règle mathématique, à la hache, à tous les organismes, alors que certains fonctionnent très bien et d’autres sont remplis de gens payés à ne rien faire” note l’un des salariés concernés, interrogé par l’AFP.
Le politologue Thomas Gerakis prévoit une crise sociale cet hiver: “On ne va bientôt plus parler des +indignés+, mais des +désespérés+”, dit-il.
Sur le plan des responsabilités politiques, Mme Zeris renvoie dos-à-dos le gouvernement socialiste et son opposition de droite.
Le premier est coupable, selon elle, d’avoir tenté un “bluff” vis-à-vis de la troïka des créanciers, à qui l’on a promis des réformes sans vraiment les mettre en oeuvre, en pariant sur l’inamovibilité du pays au sein de la zone euro.
La Nouvelle Démocratie (droite), qui campe sur son refus de soutenir une politique dénoncée comme erronée est, elle, accusée de ne “même pas comprendre les conséquences d’une faillite” qui va “démolir” toute la société, “même les partis d’opposition”.
Certains analystes pointent des accès d’ingéniosité officielle, voulant y voir l’indice d’un sursaut du pays.
Georges Papoulatos, enseignant en politique européenne à l’université d’économie d’Athènes, juge “réalisable” la perception du nouvel impôt immobilier, car elle se fera via les notes d’électricité, au risque pour les tricheurs, de se voir couper le courant.
Jens Bastian, chercheur à la Fondation d’études européennes Eliamep espère que seront du coup prises dans le filet les nombreuses propriétés de luxe protégées jusque là des rigueurs de l’impôt par leur enregistrement dans des paradis fiscaux.