Avec un taux d’occupation qui frise –paraît-il – les 60% pour une saison qui
tire douloureusement à sa fin dans d’autres hôtels du pays, le Sahara Beach peut
s’enorgueillir d’avoir, largement et la tête haute, tiré son épingle du jeu.
Les raisons d’une réussite.
Le clapotis est le premier à bercer vos paupières et vous réveiller. Depuis
votre chambre, vous pouvez embrasser des yeux l’étendue des lieux. En face,
l’horizon et la mer s’enlacent au point que la ligne de démarcation semble toute
pâle. Puis, sous vos yeux, l’une des quatre piscines, la plus importante, la
plus animée durant toute la journée. Dès 7 heures du matin, à peine avalé le
petit déjeuner, des silhouettes, hommes, femmes et enfants, se dirigent, qui
vers la plage, qui vers la piscine. Les touristes ne perdent pas une minute de
leur temps sans en avoir profité au maximum. Alors qu’au bord de la mer
l’animation (baignade, montgolfière et petites randonnées à dos de chameau, pour
l’essentiel) cesse vers 15 heures, autour de la piscine la journée s’étire et
perdure jusqu’à 19 heures. Entre batifolages, bronzage, volley, ping-pong,
musique, compétitions, lecture, assoupissement et diverses boissons servies à
profusion et ‘‘sans compteur’’, il y a de quoi s’oublier dans le farniente et le
plaisir qu’offrent l’endroit.
L’attrait des lieux
Premier constat: le Sahara Beach doit son succès à l’immensité de ses lieux et
la diversité de ses produits. Construit depuis 1975 sur plusieurs hectares, il
renferme cinq bâtiments de sept étages chacun (au total, 1.150 chambres, nous
dit-on), cinq restaurants (dont un à la carte), une crêperie et un barbecue,
quatre piscines de différentes tailles et profondeurs, les fameuses cascades
d’eau qui procurent un incroyable bien-être (voir photo), deux cafés-bars (à
salon et à terrasse), un important artisanat, une bijouterie de luxe, des salles
de jeux (toutes sortes de billards), une discothèque, une grande salle de
congrès (s’il s’en trouve), la grande terrasse d’animation nocturne (pour des
spectacles variés), un débit de tabac et journaux (il va sans dire, en fait) et
un bureau de réservation pour les excursions et les randonnées à dos d’âne, de
dromadaire ou de cheval. Ces petites visites dans les douars (dans le sens de
bourgades) sont organisées en vue de faire goûter au touriste étranger des mets
traditionnels ou tout simplement propres à la région.
Bref, l’établissement est équipé de telle sorte que le visiteur n’ait point
besoin de se rendre au centre-ville qui, de toute façon, est assez loin.
Autre atout et non des moindres: la proximité de l’aéroport ; en moins de trois
minutes, le touriste peut débarquer dans ce Sahara qui mérite amplement son nom.
Quels touristes ?
A dire vrai, la raison de notre séjour au Sahara Beach a été inspirée par la
réputation dont jouit l’Hôtel et selon laquelle le tourisme intérieur (ou local)
tourne à pleins tubes. Ce n’est pas faux. Notamment durant les week-ends, les
Tunisiens –particulièrement les Sfaxiens– viennent en grand nombre dans les
lieux. Depuis plusieurs années, le Tunisien s’est rendu à l’évidence que son
pays est beau, qu’il mérite –à tous les niveaux– le détour et le séjour.
Surtout, il s’est rendu compte que les vacances, ce n’est pas nécessairement
l’étranger, mais aussi – surtout – son propre pays qui reste toujours à
découvrir, où il fait si bon vivre –malgré tout…
Or, à notre grande surprise, le tourisme qui bat son plein au Sahara Beach est
justement étranger, de loin plus important que le local. Qui aurait dit qu’en ce
début septembre, en cette saison 2011 qui n’a pas connu une véritable hauteur
pour grand nombre d’hôtels (pour des raisons que tout le monde sait), le Sahara
Beach, sur une bonne quarantaine d’hôtels qu’aligne Monastir, se fait fort
d’atteindre un taux d’occupation frôlant les 60% ?… Les Anglais arrivent en
tête, talonnés par les Hollandais et les Allemands, mais suivis bien loin par
les Français et les Italiens.
D’après des informations ‘‘picorées’’ ça et là, la force du Sahara Beach réside
dans ses rapports avec certaines agences de voyage européennes auxquelles est
lié l’établissement. Possible. Mais il n’y a pas que cela.
Les services
Il faut rendre à César ce qui lui appartient. L’autre force de cet hôtel réside
dans la qualité des services (des serveurs, surtout!) et la qualité de la
cuisine. Bien que classé 3 Etoiles, le S.B. (pour faire court) propose une
cuisine tous les jours renouvelée et de qualité irréprochable. Dans le Self, un
restaurant immense pouvant accueillir jusqu’à 1 200 personnes (estimation
personnelle) et qui ouvre et ferme à horaires fixes, les clients sont en
perpétuelle ruée sur les présentoirs qui rivalisent de tentation et de
succulence des mets. Cette qualité ne se dément pas ailleurs, dans les autres
restaurants. D’ailleurs, les quatre autres restaurants n’ont rien à envier au
cinquième qui est à la carte. Cela trahit le souci de qualité, régulièrement
présent et partout.
Sauf que la force réelle (palpable, en tout cas) du S.B. est du côté des
serveurs, des ouvriers et du petit personnel. En dépit d’un sourire étrange
(lire notre article: «Le revers de la médaille»), ce personnel se consume, ne
ménage aucun effort pour satisfaire le client, de quelque race qu’il soit.
Prompt à vous servir et à exaucer des vœux et des caprices parfois bizarres de
certains (c’est malheureux, mais il faut le dire)… Tunisiens, il se plie en
quatre pour assurer l’impeccabilité du service. On est loin, franchement très
loin de certains autres établissements où le serveur vous jauge par deux fois de
bas en haut avant de grommeler on ne sait quoi entre les dents pour enfin vous
servir. D’ailleurs, un tel comportement a fait couler beaucoup d’encre sur les
journaux et menacé carrément le tourisme tunisien à certains moments.
La formule du Tout Compris
Il faut reconnaître que la formule du Tout Compris (le all inclusive) est une
tentation en soi. Il semble même qu’elle soit devenue une règle de plus en plus
généralisée un peu partout. On nous dit qu’à Sousse par exemple la plupart des
hôtels la pratiquent. Sauf que certains produits (de marques étrangères,
surtout) échappent évidemment à la règle et sont proposés aux prix habituels.
C’est une manière, pensons-nous, d’exhorter les clients à consommer tunisien.
Reste à savoir si la formule est rentable ou non pour l’hôtelier; là, il y a
tout lieu de penser que son maintien en dit beaucoup sur son caractère juteux.
Et de toutes les façons, au S.B. le tarif de la nuitée moyennant ladite formule
est loin d’être exorbitant ou rédhibitoire, c’est même à la portée de beaucoup
de bourses. Et c’est probablement la vraie raison de sa bonne réputation.
Le mystère du «51»
Magnifique structure en fer avec des pieds sous l’eau (voir photo), «Le 51» est
un bar-restaurant qui vous invite à l’évasion dans le temps –particulièrement le
soir– et l’espace –l’immensité de la mer. Endroit poétique et romantique par
excellence, «Le 51» vous propose un spectacle d’un tout autre genre: l’arrivée
massive des vagues ‘‘géantes’’ et houleuses, et leur déferlement sous vos pieds;
vous assistez –pour peu que vous soyez amoureux de la mer– à une véritable rixe
des vagues: elles arrivent de loin en plastronnant, très hautaines dans leur
superbe, puis se croisent et se télescopent mutuellement, cependant que les plus
résistantes continuent sur leur lancée (au propre) jusqu’à se briser contre les
pieds du «51» et se mourir sous les vôtres. A lui seul, le spectacle peut vous
retenir la soirée durant.
Or, «Le 51» est l’endroit le moins fréquenté, le plus déserté par tout le monde.
En trois soirées consécutives (du vendredi 2 au dimanche 4), et en dehors du
signataire du présent article, pas un seul client n’y a mis les pieds. Les
raisons nous échappent, mais le constat est criard: pas la moindre animation !
Rien. D’ailleurs, il faudrait souligner cette lacune au S.B.: on ne dispatche
pas les spectacles et les animations du soir qui sont concentrés, d’abord sur la
grande terrasse, ensuite dans la discothèque. Mais rien pour le «51» qui semble
tout morne depuis la piscine ou les étages. Il serait, peut-être, profitable de
donner sa chance de vie à chaque espace en lui réservant l’animation appropriée.
Petite fausse note
Il n’est plus possible, de nos jours, de considérer l’Internet comme étant un
luxe. Entrée de plain-pied dans nos habitudes et nos réflexes, cette technologie
fait partie de la vie même de ses utilisateurs, ce qui a fait que la plupart des
hôtels proposent ce service gratuitement. Au S.B., pour pouvoir utiliser
l’Internet, il faut acheter une carte de 10 dinars. Ce n’est pas correct. Se
délester de ce montant juste pour accéder à ses mails (soit trois à cinq minutes
maximum), c’est un peu fort tout de même. A la limite, on pourrait facturer de
l’heure, voire de la demi-heure et même du quart d’heure. Et à propos, nous
n’avons pas vu un seul ordinateur dans tout l’hôtel (à moins qu’ils soient
gardés jalousement à l’intérieur des bureaux).
Ce sont donc là, grosso modo, les points forts du S.B. qui reste, selon de
nombreux témoignages, l’établissement hôtelier le plus visité, aussi bien par
les étrangers que par les Tunisiens. Pourtant, il n’y a point de secret. Mais il
y a le respect rigoureux des normes de la qualité.
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