Fraude : le directeur général d’UBS ne compte pas démissionner

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évrier 2010 (Photo : Sebastian Derungs)

[18/09/2011 13:56:10] GENEVE (AFP) Le directeur général de la banque suisse UBS, Oswald Gruebel, a déclaré qu’il ne se sentait pas coupable dans l’affaire de la fraude d’un de ses traders et n’avait aucune intention de démissionner.

“Je suis responsable de ce qui se passe dans la banque. Mais si vous me demandez si je me sens coupable, alors je vous dis non”, a déclaré M. Gruebel au journal suisse Sonntag paru dimanche.

Lorsque quelqu’un décide d’agir de façon criminelle, “vous ne pouvez rien faire”, a-t-il déclaré.

M. Gruebel, un Allemand qui avait auparavant dirigé Credit Suisse, a pris la tête d’UBS au plus haut de la crise financière, pendant laquelle la banque avait perdu des milliards de francs et enregistrait des pertes records. Il l’avait ramenée au bénéfice en 2010.

La pression s’était accrue ces derniers jours sur les dirigeants d’UBS après la perte de 2 milliards de dollars subie en raison de la fraude d’un de ses traders, selon des commentaires parus dans les médias suisses.

Le président honoraire d’UBS Nikolaus Senn avait déclaré vendredi douter que M. Gruebel puisse rester à son poste après cette affaire, tandis que le tabloïd suisse Blick se demandait samedi “pourquoi les patrons d’UBS restent silencieux s’ils contrôlent la situation?”

Citant un trader d’une banque privée, sans révéler son nom, Blick écrit que la banque reste peut-être muette parce que certaines opérations non autorisées ne seraient pas encore terminées.

Un autre hebdomadaire suisse, NZZ am Sonntag a cité pour sa part un membre du conseil d’administratation de la banque, sans le citer, indiquant que Oswald Gruebel avait toujours le soutien d’un des grands actionnaires de la banque, le fonds d’investissement singapourien GIC.

Par ailleurs, des hommes politiques ont demandé que l’UBS cesse ses activités dans le secteur de la banque d’investissement, à l’origine des pertes colossales de la banque ces dernières années.

L’ancien ministre de la justice Christoph Blocher, leader du parti UDC (droite populiste), a même suggéré d’interdire complètement ce secteur d’activités.

“Nous devons sérieusement considérer l’hypothèse d’interdire les activités de banques d’investissement aux banques commerciales”, a-t-il déclaré au journal dominical SonntagsZeitung.

UBS, première banque suisse, avait révélé jeudi qu’un de ses traders à Londres, Kweku Adoboli, aurait provoqué une perte de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) après avoir effectué des “opérations non autorisées”.

Les gendarmes des marchés financiers en Suisse et au Royaume-Uni ont annoncé vendredi qu’ils lançaient des enquêtes “indépendantes” sur cette perte.

L’UBS devrait donner des détails supplémentaires sur cette fraude dimanche soir, selon des médias locaux. Contactée, la banque s’est refusée à tout commentaire.

Enfin, à Londres, le Sunday Times a rapporté dimanche que le trader Kweku Adoboli avait effectué des opérations non autorisées d’un montant de 10 milliards de dollars (7 milliards d’euros) avant la découverte de la perte potentielle de 2 milliards USD.

Selon le journal britannique, qui s’appuie sur des sources anonymes au sein d’UBS, la banque suisse a décortiqué les opérations du trader et vendredi à midi, ces positions de 10 milliards – soit cinq fois supérieures aux pertes – avaient été liquidées.

La première fraude présumée remonterait à 2008, d’après l’acte d’accusation, et ses agissements frauduleux se seraient poursuivis jusqu’à la veille de son arrestation.