à Athènes le 4 janvier 2007 (Photo : Aris Messinis) |
[21/09/2011 11:29:45] ATHENES (AFP) Le gouvernement grec planchait mercredi sur de nouvelles mesures d’austérité exigées par ses créanciers dans l’espoir d’obtenir le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide, afin d’éviter un défaut de paiement qui ébranlerait l’ensemble de la zone euro.
“La Grèce est et sera toujours un membre de la zone euro”, a assuré devant le Parlement le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, avant le début d’un conseil ministériel restreint consacré à l’examen des mesures additionnelles.
Envisageant de “nouvelles mesures nécessaires”, M. Vénizélos a affirmé que son gouvernement “allait faire tout ce qu’il faut, pour ne pas mettre en danger le pays et sa place dans la zone euro”.
Le gouvernement socialiste devrait principalement s’engager à réduire encore les effectifs de son secteur public, à augmenter des impôts, selon les analystes et la presse grecque.
Objectif: convaincre la Troïka de ses créanciers – Fonds monétaire international, zone euro et Banque centrale européenne (BCE) – à lui verser une sixième tranche de huit milliards d’euros du prêt consenti en mai 2010 au pays, faute de quoi, l’Etat grec risque de se retrouver en cessation de paiement en octobre.
Les négociations ont avancé dans le bon sens, selon les deux parties.
Les chefs inspecteurs de l’Union européenne et du FMI retournent d’ailleurs à Athènes en début de semaine prochaine pour reprendre leur mission d’inspection des comptes grecs. Ils en étaient partis le 2 septembre en raison de retards accusés par Athènes en matière de mise en oeuvre des mesures de rigueur et des privatisations.
“Nous négocions non seulement les budgets de 2011 et 2012 mais l’ensemble du programme d’ajustement pour 2013 et 2014” a dit M. Vénizélos devant le Parlement mercredi matin pour expliquer la longueur des discussions.
Le flou régnait toutefois sur la question de savoir si les annonces d’un tour de vis supplémentaire allait être réalisées dans la journée, alors que les syndicats devaient se réunir pour mettre au point leur riposte.
“Aujourd’hui nous faisons tout pour sauver la Grèce”, a assuré mercredi la ministre française du Budget Valérie Pécresse. Elle a vivement écarté un éventuel défaut de paiement d’Athènes, dont le FMI a fortement relevé mardi le pic de la dette publique à 189% du produit intérieur brut (PIB) en 2012 contre 172% auparavant. La projection de déficit a aussi été révisée à 8% du PIB contre 7,6%.
“Ça nous coûterait beaucoup plus cher d’envisager un autre scénario”, a estimé la ministre française.
Pour la zone euro, l’enjeu est en effet colossal.
Le sort de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal et de l’Irlande, pays aux finances publiques exsangues, est lié de toutes façons à la manière dont sera traitée la Grèce, avancent économistes et analystes.
ènes (Photo : Louisa Gouliamaki) |
“La résolution du cas grec est déterminante”, assure Cédric Thellier, économiste chez Natixis. “Si on laisse la Grèce livrée à elle-même, on envoie un signal aux investisseurs que quand il y a un problème en zone euro c’est le défaut”.
Les spéculateurs pourraient ensuite “mettre la pression sur d’autres pays comme le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie”, prévient-il. Or un défaut de l’Italie, troisième économie de la zone euro, “signifierait l’éclatement de l’Union monétaire”, affirme l’économiste.
Le Portugal a prévenu mardi qu’un défaut de paiement d’Athènes l’obligerait à demander une nouvelle aide financière internationale.
“Dans un scénario de défaut de la Grèce, cette aide pourrait être nécessaire et il est important que nos partenaires européens soient convaincus que cela vaut la peine d’aider le Portugal et, dans ce cas, l’Irlande aussi”, a déclaré le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho.
Le Portugal a emprunté mercredi 1,250 milliard d’euros en bons du Trésor à court terme, à des taux dépassant 5,2% pour la ligne à six mois.
Les Bourses européennes étaient rattrapées par une défiance persistante contre le secteur bancaire et les banques françaises en particulier.
Peu avant 11H00 GMT, la plupart des Bourses européennes étaient en baisse. Paris perdait 0,91%, Londres 0,36%, Francfort 0,98%, Madrid 0,59% et Milan 0,21%.
Le gouvernement français a réaffirmé mercredi que ses établissements financiers étaient solides et n’avaient pas besoin d’être recapitalisés.
L’euro reculait face au billet vert, à 1,3662 dollar.
Outre-atlantique, la Banque centrale américaine (Fed) devrait annoncer ce mercredi de nouvelles mesures pour relancer l’activité économique dans la première économie mondiale, alors que le FMI a peint un tableau morose la veille des perspectives de croissance mondiale.
La Fed doit notamment effectuer une opération de “twist”, qui consisterait à vendre des obligations de courte durée contre des obligations plus longues, afin de réduire les taux à long terme et relancer l’économie.
Ce jeu de passe-passe permettrait de baisser le coût du crédit pour les ménages et les entreprises américains, selon les analystes de CM CIC.