Recherche d’emploi : la génération internet boude les réseaux professionnels

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à Paris (Photo : Stephane de Sakutin)

[21/09/2011 16:55:52] PARIS (AFP) Très actifs sur Facebook, les étudiants et jeunes diplômés sont paradoxalement peu nombreux à rechercher leur premier emploi via les réseaux sociaux professionnels sur internet, pourtant de plus en plus prisés par les entreprises pour “chasser” de nouveaux talents.

Aux côtés des géants Viadeo et LinkedIn, leaders mondiaux des réseaux sociaux à usage professionnel, une multitude de petits sites tentent de cibler le marché français des étudiants et diplômés de moins de 25 ans, fort de quelque 4 millions de personnes.

C’est le cas de Wizbii.com, qui se lance jeudi après avoir tourné en version test pendant un an. Le site, qui vient de réussir une première levée de fonds de 320.000 euros, ambitionne de devenir le premier réseau social professionnel pour les jeunes de 18 à 30 ans.

“Plus de 85% des jeunes vont sur Facebook mais moins de 8% sont actifs sur les réseaux professionnels car ils ne correspondent pas à leurs attentes, selon une étude que nous avons effectuée auprès de 1.200 étudiants”, résume à l’AFP Benjamin Ducousso, l’un des trois fondateurs de Wizbii.

“Notre site a été conçu par des étudiants, et nous disposons d’un algorythme particulier pour +matcher+ au mieux les demandes des jeunes et les offres des entreprises. L’idée est de créer une communauté où les jeunes se rencontrent, font des projets ensemble, et trouvent un travail grâce à leurs profils”, détaille M. Ducousso, 28 ans.

“Les entreprises utilisent de plus en plus ces réseaux pour recruter mais elles ont ont du mal à +chasser+ des nouvelles recrues car peu de jeunes y sont actifs. J’ai rencontré une entreprise du CAC 40 qui me disait que 84% de ses jeunes employés étaient pour cette raison des anciens stagiaires”, raconte-t-il.

“Les entreprises ont compris qu’élargir leurs recherches vers les réseaux sociaux permettait d’étendre considérablement leurs zones de prospection et de mieux balayer le marché”, indique de son côté Olivier Fécherolle, directeur général de Viadeo France en charge de la stratégie et du développement.

Il indique que 10% de la base française des abonnés de Viadeo a moins de 25 ans, un bon chiffre selon lui pour un réseau “très fort sur les actifs et les cadres”.

“Ces jeunes ont beau être nés avec le web et communiquer via le web pour tout ce qui est personnel, ils n’ont pas encore acquis l’habitude d’aller sur ces réseaux pour des raisons professionnelles”, résume Nabila Moumen, une des trois auteurs de “Bien gérer sa réputation sur internet” qui sort dans quelques semaines aux éditions Dunod.

“Ils se disent qu’ils n’ont pas assez de réseaux pour s’incrire sur ce genre de sites, ils ne savent pas quelles expériences mettre en avant, ils ont tellement de doutes et d’hésitation qu’ils s’abstiennent. Et il y aussi le manque d’information concernant ces sites”, ajoute Mounira Hamdi, co-auteur.

L’ouvrage cite l’enquête Régions Job de juin 2010, dans laquelle 49% des recruteurs interrogés indiquaient utiliser les réseaux sociaux comme outils de recrutement, tandis que 48% d’entre eux disaient avoir déjà contacté un candidat via un réseau social, professionnel ou personnel.

“Nous ne pouvons donc qu’inciter les jeunes à prendre leur vie numérique en mains, mais pas n’importe comment”, souligne Anthony Babkine, troisième auteur du livre.

“Il faut commencer par être sûr de son +e-reputation+: tout part d’une +googlisation+ pour voir qui vous êtes dans votre vie numérique, ça devient presque un réflexe pour les recruteurs de taper votre nom sur Google, et il vaut mieux qu’ils tombent sur un réseau professionnel plutôt que sur votre page Facebook non protégée ou un commentaire un peu féroce sur un blog”, conseille-t-il.