éunion du FMI le 16 avril 2011 à Washington (Photo : Nicholas Kamm) |
[22/09/2011 05:15:44] WASHINGTON (AFP) Incapables jusqu’ici d’endiguer la nouvelle poussée de fièvre financière, les grands argentiers de la planète se retrouvent à partir de jeudi à Washington pour prouver qu’ils peuvent, ensemble, empêcher une rechute de la croissance sans aggraver la crise de la dette.
Le tableau peint mardi par le Fonds monétaire international (FMI) est sombre: ralentissement économique généralisé et perspectives particulièrement moroses pour les pays occidentaux, avec même un risque de nouvelle récession aux Etats-Unis et en Europe si les gouvernements devaient renier leurs engagements.
Ces prévisions ne font que confirmer une tendance qui se profile depuis l’été. Pourtant, les décideurs peinent à envoyer des messages rassurants.
La réponse “forte et coordonnée” promise le 9 septembre par les pays riches du G7 n’a pas convaincu. Et les ministres des Finances de l’Union européenne et des Etats-Unis se sont séparés, samedi en Pologne, sur un constat de désaccord et sans annoncer aucun remède nouveau aux maux qui taraudent la zone euro.
Le G7 l’a reconnu, l’équilibre entre relance économique et réduction des déficits est “délicat à trouver”. Washington plaide pour de nouvelles mesures de soutien à la croissance alors que les Européens défendent, à des degrés divers, une stricte discipline budgétaire.
Surtout, les responsables américains ont martelé sur tous les tons, ces dernière semaines, que la zone euro devait remettre de l’ordre chez elle, faute de quoi la crise de la dette risque d’enfoncer tout le monde.
Même si elle n’est pas officiellement à l’ordre du jour des assemblées d’automne du FMI, de la Banque mondiale et des réunions du G20, la crise européenne sera bien “le sujet principal” des rencontres de Washington, reconnaît-on à Berlin. “Ce n’est pas un secret, nous avons une divergence de vues avec les Etats-Unis”, glisse un responsable européen. “Ils veulent une Europe stable mais nous aussi nous attendons qu’ils présentent un plan crédible de consolidation des finances publiques”, poursuit-il.
Un membre d’une autre délégation insiste sur la nécessité d’apporter des réponses différenciées, en fonction des marges de manoeuvre de chaque pays, un message difficile à faire passer.
Les regards des pays riches se tournent donc vers les puissances émergentes, auxquelles ils sont associés au sein du G20, qui représente 85% de la richesse mondiale. Et notamment vers la Chine, qui doit à leurs yeux renforcer sa demande intérieure, là où elle comptait jusqu’ici sur ses exportations.
Le groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) arrive à Washington déterminé à démontrer qu’il est devenu incontournable. Sa réunion de jeudi portera notamment sur la manière de venir en aide à la zone euro.
Les ministres des Finances du G20 évoqueront ensuite, lors d’un dîner jeudi, la situation économique mondiale. Mais aucun communiqué n’est attendu.
Le lendemain, ils tiendront la première réunion ministérielle du G20 consacrée exclusivement au développement des pays les plus pauvres. Au menu: la sécurité alimentaire, les projets d’infrastructures en Afrique et, surtout, la taxe sur les transactions internationales ardemment défendue par Paris et Berlin mais dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne veulent pas.
Les réunions de Washington seront aussi l’occasion de faire le point sur les autres priorités de la présidence française du G20, notamment la réforme du système monétaire international, à un mois et demi du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu à Cannes (sud-est de la France).