La Bourse de New York, le 22 septembre 2011. (Photo : Spencer Platt) |
[22/09/2011 17:15:57] LONDRES (AFP) Les cours des matières premières n’ont pas été épargnés jeudi par la tempête secouant les marchés financiers et le regain de pessimisme sur l’économie mondiale: pétrole et métaux industriels ont lourdement chuté, après l’avertissement de la Fed et un indicateur décevant en Chine.
Alors que les Bourses enregistraient une nouvelle dégringolade, les prix du pétrole descendaient à leurs plus bas niveaux depuis un mois: vers 16H00 GMT, les cours du baril abandonnaient plus de 4,50 dollars (-4,50%) à New York et 4,20 dollars (-3,80%) à Londres.
Les prix des métaux industriels étaient particulièrement touchés: l’étain et le nickel ont ainsi lâché jusqu’à 7% et 10% respectivement sur le London Metal Exchange (LME), glissant tous deux sous le seuil des 20.000 dollars la tonne pour la première fois depuis l’été 2010.
Le prix du cuivre s’est effondré de plus de 8% en cours de séance, tombant sous 7.700 dollars la tonne, un niveau plus vu depuis septembre 2010. Il a perdu près de 25% de sa valeur depuis son sommet historique à 10.190 dollars en février: entretemps, les perspectives économique mondiales se sont nettement dégradées.
“La chute des prix aujourd’hui est certainement un peu effrayante. L’environnement économique mondial était déjà morose, et la Réserve fédérale américaine (Fed) n’a pas arrangé les choses mercredi en noircissant le tableau”, a expliqué à l’AFP Nick Brown, analyste chez Natixis.
La banque centrale a certes annoncé son intention de vendre pour 400 milliards de dollars de bons du Trésor pour tenter de faire baisser les taux d’intérêt à long terme, mais elle a également insisté sur les “risques importants” pour la reprise américaine.
“Les investisseurs ont surtout retenu cet avertissement et cela a plombé leur appétit pour les actifs jugés risqués”, qu’il s’agisse de l’euro, des marchés boursiers ou de l’ensemble des matières premières, confirme James Moore, analyste de la société britannique Fast Markets.
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé mardi ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis et la zone euro, les commentaires de l’institution de Washington sont venus aviver les craintes d’un retour en récession des économies développées.
Le dollar, jugé un actif sûr, a profité de la défiance des cambistes, montant à son plus haut niveau depuis janvier face à l’euro: ce fort renchérissement du billet vert rendait d’autant moins attractifs les achats de matières premières, libellés en dollars, pour les investisseurs munis d’autres devises.
Jeudi, les indicateurs macroéconomiques publiés n’ont guère éclairé la situation.
“L’annonce d’une contraction inattendue de l’activité manufacturière en septembre en Chine”, premier pays consommateur de métaux industriels et deuxième consommateur de brut dans le monde, “a encore accentué la nervosité des opérateurs”, a noté M. Moore.
Plus tard, “alors que les marchés restent obnubilés par un possible défaut de paiement de la Grèce, des indicateurs européens très décevants sont tombés”, montrant notamment une contraction de l’activité du secteur privé en zone euro en septembre, pour la première fois depuis deux ans, ajoutait M. Brown.
Les matières premières alimentaires n’étaient pas en reste.
Les cours du blé, maïs et soja chutaient de plus de 2% sur le Chicago Board of Trade. Le blé est tombé à son plus bas niveau depuis la mi-juillet. Les cours du sucre ont lâché plus de 5% à Londres comme à New York.
La livre de coton cédait 1,6% à New York, renouant avec ses plus bas niveaux depuis la mi-août.
Même l’or, pourtant considéré comme une ultime valeur refuge, a lâché plus de 90 dollars (-5%) depuis mercredi soir, jusqu’à 1.722,03 dollars l’once, pâtissant lui aussi du raffermissement du dollar.
“La chute a été brutale, mais cela signifie aussi que les investisseurs pourraient revenir très vite sur les marchés des matières premières pour réaliser des achats à bon compte”, tempérait Nick Penney, analyste du courtier Sucden.