La Bourse de New York (Photo : Spencer Platt) |
[22/09/2011 17:48:03] PARIS (AFP) Les investisseurs se sont rués une nouvelle fois jeudi vers les dettes publiques des Etats-Unis et de l’Allemagne, les rendements du Bund et des bons du Trésor américain à 10 ans tombant à de nouveaux records dans un contexte de décrochage des Bourses européennes.
Dans la tempête, les investisseurs se détournent des actifs qu’ils jugent les plus risqués, comme les actions ou les obligations publiques des pays les plus fragiles de la zone euro, au profit des titres les plus sûrs tels que l’or, la dette de l’Etat fédéral allemand ou américain.
Du fait d’une forte demande pour ces titres, leurs taux chutent, car les acheteurs sont prêts à accepter un plus faible retour sur investissement en échange de la sécurité.
Le rendement du Bund allemand à 10 ans a franchi un record historique en séance à 1,665% avant de remonter légèrement à la clôture à 1,672%. Les taux des bons du Trésor américain à maturité identique ont eux clôturé à 1,752%, du jamais vu.
Le rendement de ces titres est très nettement inférieur au niveau de l’inflation dans ces deux pays, ce qui veut dire qu’ils ne rapportent rien.
Rome pâtissant de la défiance des investisseurs, l’écart de taux entre les titres allemands et italiens a dépassé les 400 points de base en séance pour la première fois, avant de retomber à 398 points de base.
L’OAT française s’est pour sa part inscrite à 2,510%, signe d’une nette détente.
“Nous avons dépassé le stade de la panique chez les investisseurs qui sont entrés dans une phase de découragement. Même les autorités monétaires, les gardiennes du temple, n’ont plus tellement les moyens d’agir”, estime Laurent Geronimi, directeur de la gestion taux chez Swiss Life Gestion Privée.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a dressé mercredi un tableau noir de l’économie des Etats-Unis, jugeant que la reprise était “lente” et menacée par des “risques importants”.
Pour soutenir certains secteurs de l’économie, au premier rang desquels l’immobilier, l’institution va vendre d’ici à la fin juin 2012 pour 400 milliards de dollars de bons du Trésor et en racheter pour un montant identique avec une maturité plus longue. Avec pour effet de maintenir bas les taux d’intérêt à long terme.
“La Fed a surpris par l’ampleur des rachats qu’elle va effectuer pour tenter de soutenir l’économie. Elle va également se positionner sur des titres de dette dont la maturité est plus longue qu’attendue, ce qui montre que la situation est assez préoccupante”, estime Olivier de Larouzière, directeur de la gestion obligataire euro de Natixis AM.
“Ces mesures seront-elles suffisantes ? Rien n’est moins sûr”, juge M. Geronimi.
La pression s’est accentuée sur la zone euro. L’activité du secteur privé s’est contractée dans l’Union monétaire en septembre pour la première fois depuis plus de deux ans, faisant peser une menace de stagflation sur l’Allemagne et la France.
Rome a pour sa part révisé en forte baisse ses prévisions de croissance, et Athènes a été paralysée par une grève des transports après les nouvelles mesures d’austérité décidées par le gouvernement grec qui tente d’éviter une faillite du pays.
“Les annonces faites par la Grèce sont importantes mais seul le temps dira si ces mesures ont véritablement été mises en place et si elles sont crédibles. Or, le marché a besoin d’éléments concrets et rapides”, souligne M. de Larouzière.
“Ce n’est plus tel ou tel pays de la zone euro qui est sous pression mais l’Union monétaire dans son entier”, ajoute-t-il.
Pour preuve, la monnaie unique européenne est tombée sous la barre des 1,34 dollar, son plus bas niveau depuis huit mois face au billet vert.
Hors zone euro, le Gilt britannique a reculé à 2,314% contre 2,411% la veille.
Sur le marché interbancaire, l’Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, a reculé à 1,536% contre 1,537% mercredi, tandis que le Libor à trois mois libellé en dollars est monté à 0,358% contre 0,355%.