Les investisseurs s’impatientent et constatent amèrement que le temps devient long. Depuis quelques mois, le politique est en train d’évincer l’économique.
On peut admettre que cela fait partie du processus de démocratisation. Il est normal de laisser le temps à la société pour retrouver ses marques au plan politique. Il est normal aussi que la culture du débat contradictoire s’instaure. Cela prend du temps.
De plus, à la vitesse à laquelle le vent de la démocratie a soufflé sur la Tunisie, nul n’a eu le temps de se forger une doctrine économique claire. Lorsqu’on interroge les politiques sur leur programme économique et financier, souvent cela se résume dans des slogans ou dans des formulations convenues basées sur une approche livresque.
Beaucoup d’idées tous azimuts
La réflexion et le débat économique sont certes en train de s’approfondir même si les mécanismes économiques demeurent présentés de manière réductrice. Les propositions de réformes se limitent encore aux “têtes de chapitre”. Et les nombreux “Think Tanks” qui émergent développent des idées tous azimuts dont le lien avec la Tunisie profonde reste à imaginer.
Face au manque d’orientation et d’aiguillage par une autorité économique crédible, les hommes d’affaires, les investisseurs et les créateurs d’emploi s’impatientent.
Peu de visibilité et de confiance
Ce manque de visibilité nuit aux affaires. Il peut à terme réorienter le capital vers d’autres horizons car, rappelons-le, avec la mondialisation, le capital est devenu apatride. Il est motivé par deux éléments clés: la rentabilité et la confiance.
Même si la rentabilité peut être garantie dans certains secteurs, la confiance reste à construire. Le climat des affaires se nourrit d’elle.
On ne pourra pas tout demander à l’Etat
Le creux du “J” dans lequel l’économie tunisienne s’enfonce doit inciter les acteurs économiques notamment privés à compter sur leurs propres moyens et à construire cette Nouvelle Economie tunisienne. Ce moment difficile doit les inviter à faire preuve de plus d’audace, d’imagination et d’initiative car la puissance publique doit gérer des échéances politiques impérieuses et historiques.
Les prochains mois, l’Etat ne pourra pas être partout. Il ne pourra certainement pas être sur tous les fronts.