*Améliorer le risque régional tunisien
Il est évident que la solution du problème du financement du développement régional futur dépendra dans une mesure importante de la perception qu’auront les investisseurs privés nationaux et étrangers potentiels et leurs propres bailleurs de fonds (banques, marché financier) du risque régional tunisien. Meilleur est ce risque, meilleur sera l’accès de ces investisseurs aux capitaux requis, en terme de volume et de coût. Aucune autre considération, y compris l’appel au patriotisme des entreprises privées tunisiennes, fût-ce en ces temps révolutionnaires, ne suffira, à elle seule, à motiver la décision d’investir ou de ne pas investir.
Le risque régional tunisien, qui mérite d’être l’objet un jour ou l’autre d’une évaluation notée par des agences tunisiennes ou étrangères spécialisées, est fonction de plusieurs paramètres, dont : la qualité du risque bancaire, du risque de change, du risque politique et du risque économique, à laquelle il faudrait ajouter la qualité du risque souverain (dette extérieure) pour les investisseurs étrangers potentiels. La mise en place de ‘régions économiques’ selon les critères précédemment indiqués, en lieu et en place du système de ‘gouvernorats’ actuellement en vigueur, joue en en faveur d’une amélioration du risque régional tunisien. Il en est de même de l’assainissement des bilans des banques locales, de la consolidation de la sécurité, de la légalité et de la démocratie dans le pays, et de la relance de la croissance économique sur des bases financièrement saines, socialement stables et écologiquement durables.
*Au-delà du calcul de risque…
Mais au-delà de cet aspect – risques, la dynamique de l’investissement régional privé sera déterminée par un groupe d’autres facteurs non moins importants:
** L’association des investisseurs privés aux côtés de l’Etat dans la conception, de l’exécution et l’exploitation ultérieure des projets d’infrastructures régionales.
Il existe un savoir-faire privé tunisien et non-tunisien inexploité, tant dans le domaine de la conception que dans celui de l’exécution et de l’exploitation ultérieure des projets d’infrastructures régionales. L’association d’investisseurs privés aux côtés de l’Etat, outre ses mérites proprement techniques et ses apports financiers, a pour effet de promouvoir le secteur privé, longtemps marginalisé, au rang de partenaire, à part entière, du développement régional tunisien futur.
** La révision du système actuel d’incitations à l’investissement privé sur les bases suivantes:
– Favoriser les entreprises régionales ainsi que les entreprises nationales ou étrangères qui délocalisent dans les régions concernées, outre leurs bureaux d’études, le maximum de leurs unités opérationnelles: ce qui contribue à la création d’emplois nouveaux et à la réduction des coûts. Une sorte de discrimination positive tout à fait opportune.
– Eviter le détournement des avantages accordés aux investisseurs au seul profit de ces derniers, via le gonflement artificiel des coûts de production. Pour ce faire, les avantages pourraient être alloués directement aux employés, non au promoteur, sous forme de participations au capital de l’entreprise (actions sans droits de vote), moyennant, par exemple, un plafonnement de 25% du total du capital souscrit, et quitte à récupérer ces subventions par prélèvement sur les dividendes distribués. Ce qui aura pour mérites d’éviter la confiscation des avantages octroyés par l’Etat à des fins d’enrichissement personnel, de rapprocher les employés l’entreprise et de récupérer les subventions.
– Lier les exonérations fiscales à la création de plus-values
** Ouvrir le financement du développement régional sur le marché financier
Si nous voulons assurer au développement régional tunisien futur les ressources financières privées dont il a besoin, l’ouverture de ce dernier sur le potentiel qu’offre le marché financier à cet effet est incontournable. Comme nous l’évoquions plus haut, l’avenir du financement du développement régional tunisien dans les années qui viennent ne peut être assuré que par un partenariat économique et financier public- privé dynamique. Le partenaire privé, pour sa part, ne pourrait assumer l’opportunité qui lui est offerte que s’il dispose des finances adéquates, pour ce faire. Le recours à l’endettement bancaire n’est qu’une partie de la solution.
Mais pour une entreprise, petite ou moyenne ou grande, où et comment, en dehors du crédit bancaire classique, de l’accès au microcrédit, ou des SICAR, pourrait-elle lever des capitaux pour renforcer ses fonds propres, boucler le schéma de financement des projets dans lesquels elle aimerait investir, notamment quand ces projets comportent des risques, ou restructurer ses finances? La réponse est le marché financier : le marché dit ‘alternatif’, pour les PME, et le marché principal, pour les entreprises cotées en Bourse, conçus, taillés pour fournir à l’entreprise les partenaires, les produits financiers qui lui faut.