à Paris |
[24/09/2011 05:50:49] PARIS (AFP) Confrontée à l’origine au scepticisme de l’Etat à l’égard du concept, la SNCF est finalement parvenue à imposer le TGV, détenteur du record du monde de vitesse sur rail, qui a modifié drastiquement la façon de voyager des Français et qui célèbre samedi ses 30 ans.
La SNCF conclut samedi plusieurs mois de festivités, avec notamment une tournée anniversaire dans 16 villes de France et d’Europe, par une journée événement à la gare de Lyon.
C’est en effet sous la tour horloge de cette gare que le premier TGV exploité commercialement avait débuté son premier voyage le 27 septembre 1981, cinq jours après son inauguration par le président de la République, François Mitterrand.
“Cet anniversaire est une grande joie et une grande fierté”, a confié à l’AFP François Lacôte, directeur technique chez Alstom Transport, qui a piloté le programme TGV à la SNCF puis chez Alstom à partir de 1982, et se souvient de “combats difficiles” avec les pouvoirs publics.
“Aucun homme politique n’était favorable au TGV. Pour eux, c’était une idée d’ingénieurs qui allait coûter très cher, comme le Concorde”, a-t-il souligné.
Du coup, la SNCF a payé seule la facture de 18 milliards de francs (2,74 milliards d’euros) de la première ligne Paris-Lyon. Pour la seconde, le TGV Atlantique inauguré à la fin des années 1980, l’Etat a financé 30% des infrastructures.
Des TGV le 17 octobre 1996 en gare de Paris-Bercy (Photo : Pascal Pavani) |
Dès 1981, le TGV a battu le record du monde de vitesse sur rail (380 km/h), exploit réédité à plusieurs reprises jusqu’au 3 avril 2007 (574,8 km/h).
Et depuis, le TGV n’a cessé d’agrandir sa toile sur le territoire français. Actuellement, trois chantiers de construction de ligne à grande vitesse sont en cours et un quatrième devrait être ouvert en 2012.
“La France dispose d’une des industries ferroviaires les plus performantes au monde (…) je vous confirme que nous allons investir comme jamais dans le ferroviaire”, a d’ailleurs déclaré M. Sarkozy lors de l’inauguration début septembre du premier tronçon de la ligne Paris-Rhin-Rhône.
Pourtant si le train vedette de la SNCF a servi pendant de nombreuses années de vache à lait, l’avenir est plus sombre: les charges supplémentaires et la hausse des péages (les droits de passage versés à Réseau ferré de France) affectent aujourd’hui son équilibre économique, selon la SNCF.
Barbara Dalibard, directrice générale de SNCF Voyages –qui chapeaute les trains à grande vitesse– affirmait fin 2010 que la rentabilité du TGV “décroît à grande vitesse”, laissant entendre que des dessertes pourraient disparaître. Selon la SNCF, 30% des lignes TGV ne sont actuellement pas rentables.
En 2012, l’exploitant du réseau devrait payer 190 millions de péages en plus –dont 50 millions d’euros générés par la LGV Rhin-Rhône–, soit une hausse de 5,9% par rapport aux 3,2 milliards acquittés cette année, a précisé RFF à l’AFP.
Le péage pour le TGV a progressé de 6,4% en 2009, 11% en 2010 et 11,7% en 2011 pour atteindre 11 euros en moyenne par train-kilomètre. En 2012, la hausse devrait être de 1,5% puis de 7,4% en 2013.
Le TGV en chiffres (Photo : null) |
Malgré l’augmentation du prix des billets, le TGV est pour 84% des Français un moyen de rapprocher les familles, selon un sondage Ipsos pour la SNCF. Selon 78% des personnes interrogées fin mars, il a changé les perceptions de l’espace et du temps et 66% se souviennent de leur premier voyage en TGV.
“Il y a une relation affective absolument incroyable entre le TGV et notre pays. (…) Le TGV est une fierté française, et on n’en a pas tant que ça”, a estimé Guillaume Pepy, PDG de la SNCF.
“Nous avons réussi à mettre le temps de l’avion à la portée de la bourse de ceux qui prenaient le train en seconde classe”, relève M. Lacôte.
Quelque 2.000 km de nouvelles LGV devraient apparaître en France d’ici 2020, sans compter les projets à l’étranger (Arabie saoudite, Etats-Unis).