Les pays riches toujours au chevet de la dette, les Etats-Unis pressent l’UE d’agir

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à Washington (Photo : Karen Bleier)

[24/09/2011 11:27:18] WASHINGTON (AFP) Après le demi échec du G20 pour présenter un front uni face à la crise mondiale, les Etats-Unis ont de nouveau mis la pression samedi sur l’Europe pour qu’elle agisse plus vite sur la dette publique, tandis que les pays riches planchaient toujours à Washington pour éviter la récession.

“Tous ceux d’entre nous qui regardent l’Europe (…) doivent avoir de l’admiration pour ce qu’ils sont en train de faire et en reconnaître la difficulté”, a déclaré sur la BBC le secrétaire du Trésor américain Timothy Geithner.

Mais reconnaître la difficulté de leur tâche ne doit néanmoins pas empêcher de “les aider à comprendre que les marchés avancent beaucoup plus rapidement qu’ils ne le font”, a-t-il ajouté, alors que les parlements nationaux européens n’ont pas encore tous voté le plan d’aide à la Grèce adopté le 21 juillet.

“La chose la plus importante qui doit arriver maintenant est de voir un signal plus ferme des leaders européens, montrant qu’ils ont une stratégie qui peut restaurer la confiance”, a-t-il dit.

Eux-même confrontés à de mauvaises perspectives économiques qui plombent le moral des marchés financiers, les Etats-Unis ont plusieurs fois appelé les Européens à se mobiliser plus fermement sur les problèmes de dette souveraine en zone euro, épicentre de la crise, où la Grèce se bat pour éviter le défaut de paiement.

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à Washington (Photo : Brendan Smialowski)

Les ministres des Finances des pays du G20 ont échoué cette semaine à vraiment rassurer des marchés paniqués, illustrant notamment les divergences entre l’Europe, les Etats-Unis et les pays émergents sur les réponses à adopter. Les Etats-Unis plaidant pour des politiques de relance, les Européens pour réduire les déficits.

Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine a estimé samedi que le monde risquait une “décennie perdue” de croissance en raison notamment des graves difficultés actuelles en zone euro et aux Etats-Unis, selon l’agence Interfax.

“Aujourd’hui, on peut dire que nous avons une décennie perdue devant nous. Il est encore plus évident que le rythme de la croissance sera faible”, a-t-il déclaré, illustrant les craintes des pays émergents, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) de voir leur développement obéré par la crise des pays occidentaux.

M. Geithner s’est dit particulièrement impressionné par l’engagement de la Banque centrale européenne (BCE), dont les différentes actions soutiennent les marchés financiers, du rachat de titres des pays périphériques en difficultés (Italie, Espagne…) à l’action concertée avec d’autres banques centrales pour garantir l’accès aux liquidités en dollars aux banques européennes sous le feu des investisseurs.

C’est du reste encore une fois l’éventualité d’une nouvelle action de la BCE, la réintroduction d’opérations de refinancement à un an pour les banques, qui a permis aux places financières de relever le nez vendredi, après plusieurs séances de fortes baisses.

Pour autant, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a défendu vendredi soir le tempo suivi par les pays européens. “Nous ne sommes pas dans le déni”, a affirmé M. Trichet lors d’un discours à Washington. “Nous avons des démocraties. Nous devons passer par tout le processus”, a-t-il souligné.

Samedi, la directrice générale du FMI Christine Lagarde et le président de la Banque mondiale Robert Zoellick devaient s’exprimer dans la soirée à l’occasion de la clôture de l’assemblée annuelle de ces organismes multilatéraux, de même que le ministre français de l’Economie, François Baroin.

La semaine prochaine, les investisseurs scruteront l’actualité européenne, avec le retour en Grèce de la troïka (FMI, Commission européenne et BCE) et le vote par le parlement allemand de l’élargissement du fonds de secours aux pays en difficulté de la zone euro.

Aux Etats-Unis, plusieurs indicateurs économiques sont attendus pour tenter de savoir si oui ou non il pèse des risques sur la reprise de l’économie.