Le Livre blanc pour le développement régional fera l’objet d’une discussion lors d’un colloque qui sera organisé les 29 et 30 septembre prochain à Tunis. Lors de son intervention aux travaux des “Journées de développement de Sfax“ (23-24 septembre 2011), Abderrazek Zouari, ministre de Développement régional, a annoncé que ce Livre fixe les assises des choix de développement arrêtés; des choix qui seront critiqués et révisés avant la publication du Livre.
La version provisoire sera discutée avec la société civile et avec le retour (critiques remarques et autres) des corrections pourraient être apportées. L’adoption finale ne pourrait se faire que par un gouvernement démocratiquement élu.
Dans un entretien accordé à WMC, le ministre du Développement régional a précisé que ce livre présentera, en première partie, “l’état des lieux et les causes de l’échec des choix de développement“ alors que la deuxième partie présentera “la nouvelle stratégie de développement régional“ qui tourne autour de trois dimensions:
1- Mise à niveau des régions en retard en matière de santé, de l’éducation, des équipements collectifs et de l’infrastructure, ce qui va améliorer la qualité de vie dans ces régions;
2- Relier les régions entre elles, car jusqu’ ici chaque gouvernorat pense à son propre développement, et nos gouvernorats non pas la taille suffisante pour imaginer leur propre plan régional. Relier des gouvernorats nous permettra de créer des régions économiques avec des capacités et des potentialités d’une vraie région;
3- Renforcer la compétitivité des régions sur le plan international par leurs rattachements à l’économie mondiale. La Tunisie est un pays ouvert mais ce sont seulement les gouvernorats sur la cote qui ont cette dimension aujourd’hui.
L’élément déterminant pour réussir ce schéma, selon M. Zouari, est la gouvernance. Pour lui, la région doit être gérée selon les règles démocratiques à travers un conseil régional élu dont le président sera chargé de défendra la région auprès du gouvernement central, le gouverneur peut se contenter d’être le représentant de l’Etat au niveau du gouvernorat pour assurer l’ordre et faire fonctionner l’administration.
Il existe une corrélation entre décentralisation et taux de croissance, cela a été démonté dans les pays qui ont adopté cette démarche et cette vision.
En réponse à notre question sur le découpage régional actuel pour savoir si celui-ci pourrait être adéquat à cette nouvelle vision, le ministre de Développement régional a déclaré que le découpage ne prend pas en compte les critères économiques, car il a partagé le pays par des lignes horizontales et verticales, ce qui nous a mené à l’échec. A contrario, le nouveau découpage doit étudier, selon lui, les relations économiques entres les différentes régions, les liens entre elles, la mobilité des citoyens et bien d’autres critères.
Sur l’importance des statistiques et la fiscalité régionales pour réussir le nouveau schéma de développement, M. Zouari a fait un état des lieux clair: la non-existence des statistiques régionales depuis l’indépendance a entravé le développement. En effet, le calcul du PNB régional, par exemple, est un indicateur fondamental; même chose pour les statistiques sociales.
Pour le ministre, l’INS (Institut national de la statistique) doit être une instance indépendante, une sorte d’ONG. Et le ministre de reconnaître, du reste, que l’INS a toutes les compétences pour assurer la publication mensuelle des statiques régionales et nationales.
Pour la fiscalité régionale, notre pays ne dispose pas de ce système actuellement, affirme M. Zouari, ce qui influe sur les choix de développement. Donc, il faut se diriger vers ce genre de fiscalité -pas totalement- mais au moins pour une partie à raison de 15% par exemple, et il faut du temps pour l’instaurer, suggère-t-il. Le citoyen n’accepte plus de payer des impôts à l’Etat qui dépense comme il veut.
Tout ceci pour dire que la fiscalité régionale représente le troisième levier du développement régional de la Tunisie.