Sauver la Grèce est dans l’intérêt de l’Allemagne selon les économistes

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Des euros (Photo : Joel Saget)

[27/09/2011 09:22:10] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Sauver la Grèce est dans l’intérêt de l’Allemagne pour la plupart des économistes allemands selon qui le coût d’une faillite serait bien supérieur à celui d’un plan d’aide, mais une minorité pense l’inverse.

Depuis que les critiques montent en Allemagne sur ce sauvetage, la chancelière Angela Merkel le répète sur tous les tons: le pays “a exceptionnellement profité de l’euro”.

Son objectif: s’assurer que les députés voteront jeudi la réforme du FESF, qui engagera l’Allemagne à hauteur de 211 milliards d’euros, sous forme de garanties, contre 123 milliards jusqu’à présent.

“En temps que nation exportatrice, nous avons particulièrement besoin d’une monnaie commune stable. La croissance à venir et de nombreux emplois en dépendent, ici même en Allemagne”, a affirmé mardi au quotidien populaire Bild le ministre de l’Economie Philipp Rösler, du parti libéral FDP, qui compte de nombreux opposants au sauvetage de la Grèce.

Les entreprises sont sur la même longueur d’onde. “Un effondrement de la zone euro sera bien plus coûteux que son sauvetage”, a ainsi mis en garde le patron du groupe Bosch, Franz Fehrenbach, l’une des plus grands groupes allemands, dans le Handelsblatt.

“Cela entraînerait une grave crise économique et des conséquences incalculables sur les marché financiers”, ajoute-t-il.

Selon des calculs de la banque publique KfW, “l’appartenance à la zone euro a procuré à l’Allemagne un avantage économique de 50 à 60 milliards d’euros en 2009 et 2010”, soit environ 30 milliards d’euros par an.

Premières exportatrices de la zone, les entreprises allemandes peuvent vendre plus facilement grâce à l’euro biens et services à leurs partenaires, sans se soucier des fluctuations des taux de changes, souligne la KfW.

La conjoncture allemande profite aussi d’une inflation contenue par la Banque centrale européenne (BCE), mieux que la Bundesbank ne l’avait fait au temps du Deutsche Mark, comme aime à le rappeler son président Jean-Claude Trichet.

Ces dernières années, l’Allemagne a jouit grâce à la BCE de taux d’intérêt plus bas que si elle avait mené sa propre politique monétaire, relève aussi la KfW.

Les économistes ne se risquent pas à calculer les conséquences pour l’Allemagne d’un hypothétique échec de l’euro.

Dans un système financier complexe et interdépendant comme le nôtre, “il est presque impossible de prévoir les effets (d’une telle crise) à l’avance”, explique à l’AFP Stefan Schneider, de Deutsche Bank.

En cas de sortie de la Grèce de la zone, “cela pèsera fortement sur les économies exportatrices” comme l’Allemagne, prévient toutefois KfW.

Les économistes allemands ne sont toutefois pas unanimes. L’institut Ifo, l’un des principaux organismes de recherche sur la conjoncture, est vent debout contre le sauvetage de la Grèce.

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ésident de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet le 12 septembre 2011 à Bâle (Photo : Fabrice Coffrini)

“L’Allemagne n’a pas profité de l’euro (…) mais de ses efforts pour contenir ses salaires et ses coûts”, tonne l’un de ses responsables, Jürgen Gaulke.

Il ne faut pas craindre un effondrement du système bancaire européen en cas de sortie de la Grèce de l’eurozone selon lui, car il suffira aux Etats de recapitaliser temporairement leurs banques, ce qui en Allemagne “serait presque de la petite monnaie comparée au Fonds de sauvetage”, juge-t-il.

Selon les derniers chiffres disponibles de la Fédération bancaire BdB, datant de mai, les banques allemandes sont exposés à hauteur de 10 milliards d’euros à la dette publique grecque.

“Les aides aux banques sont généralement un bonne affaire pour l’Etat”, qui peut réaliser une plus-value lorsqu’il sort ensuite du capital, souligne cette voix discordante et bien isolée.