ée à Rome le 7 août 2011 (Photo : Vincenzo Pinto) |
[27/09/2011 10:43:34] MILAN (Italie) (AFP) L’Italie a émis mardi 14,5 milliards d’euros d’obligations, dont les taux d’intérêt ont bondi à des niveaux records pour les titres à six mois et deux ans, signe de la méfiance des investisseurs qui doutent de la crédibilité du gouvernement de Silvio Berlusconi.
Cette émission était le premier test pour l’Italie sur le marché obligataire depuis l’abaissement de sa note souveraine en début de semaine dernière par l’agence Standard and Poor’s, une décision qui a attisé les craintes d’une contagion de la crise de la dette à la troisième économie de la zone euro.
Selon le résultat de cette émission communiqué par la Banque d’Italie, le Trésor italien a placé 8 milliards d’euros de bons du Trésor à six mois, 3,5 milliards de certificats du Trésor zéro-coupon à deux ans et 3 milliards de bons à trois mois, soit le montant maximum prévu.
La demande a été soutenue, s’élevant au total à environ 27,5 milliards.
Mais signe de la méfiance des investisseurs, les taux d’intéret ont bondi à des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis trois ans pour les titres à six mois et deux ans.
Les taux des obligations à six mois se sont en effet envolés à 3,071% contre 2,14% lors de la dernière opération similaire le 26 août et ceux des titres zéro coupon à deux ans à 4,511% contre 3,408%.
Les taux des titres à trois mois ont en revanche légèrement reculé à 1,808% contre 1,907%.
“La perception du risque italien a augmenté et les investisseurs demandent une rentabilité supérieure”, explique Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis, tout en soulignant que ce niveau de taux reste encore soutenable pour le Trésor sur des titres à court terme.
à Rome (Photo : Alberto Pizzoli) |
Malgré l’adoption le 14 septembre d’un plan de rigueur draconien devant permettre au pays de parvenir à l’équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale de plus de 1.900 milliards d’euros (120% du PIB), l’Italie ne parvient pas à rassurer les marchés.
Les investisseurs doutent de la crédibilité du gouvernement de Silvio Berlusconi, dont l’affaiblissement et la division ont été mis en lumière par les tergiversations qui ont émaillé la mise au point de ce plan.
La “fragilité” du gouvernement italien a d’ailleurs été la raison principale, avec les faibles perspectives de croissance, de la sanction de Standard and Poor’s.
Pour ne rien arranger, Silvio Berlusconi est empêtré depuis plusieurs jours dans de nouvelles révélations sur un scandale de prostitution et les appels à la démission se multiplient à son encontre dans le pays.
Alors que la dette italienne était encore considérée il y a quelques mois comme la plus “stable” parmi celles des pays fragiles de la zone euro, notamment car l’Italie a un déficit budgétaire inférieur à celui de nombreux pays européens, “elle a perdu ce statut à cause de la classe politique”, juge M. Regnat.
Ce qui est “dommageable”, selon lui, car étant donné l’importance de la dette, le “moindre dérapage au niveau des taux a un impact” sur les comptes publics du pays, qui paie déjà environ 75 milliards d’euros d’intérêt par an.