Fermeture d’une raffinerie : grève et blocage sur les sites de LyondellBasell à Berre

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Etang (Photo : Boris Horvat)

[27/09/2011 12:00:08] BERRE L’ETANG (Bouches-du-Rhône) (AFP) Après Total à Dunkerque en 2010 et Petroplus en juin à Reichstett (Bas-Rhin), la compagnie pétrochimique américaine LyondellBasell a annoncé mardi son projet de fermer sa raffinerie de Berre, faute de repreneur, suscitant une vive réaction des salariés.

Environ un millier de salariés ont en effet immédiatement voté en assemblée générale le début d’une “grève dure” de 48 heures sur l’ensemble du complexe du groupe à Berre, en plus de la raffinerie. Le mouvement est renouvelable toutes les 24 heures, avec blocage de tous les dépôts et arrêt progressif de toutes les unités, alors que, selon la direction, 370 emplois sont concernés.

Sur proposition de l’intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC), qui avait menacé d’une grève “de grande ampleur”, les salariés ont également décidé que tous les portails d’accès au site pétrochimique seraient “fermés et cadenassés”.

“La bête est blessée mais on n’est pas morts, on ne va pas se laisser abattre”, ont confié des salariés, sous le couvert de l’anonymat, avant d’entrer en AG. D’autres avaient déployé des banderoles à l’entrée du site. Sur l’une d’elles, on pouvait lire “L’avenir du raffinage: Flandres, Reichstett… A qui le tour ?”

“Les gens sont atterrés, l’émotion est terrible”, a dit le coordinateur CFE-CGC de l’usine, Rémy Patron, estimant que les syndicats avaient en face “une direction qui s'(était) comportée comme des voyous”.

LyondellBasell avait annoncé son projet en début de matinée, au cours d’un comité d’entreprise extraordinaire.

“Malgré les efforts des salariés et de la direction, la raffinerie continue de subir de lourdes pertes et ne parvient pas à devenir rentable”, a expliqué le directeur général du site de Berre Jean Gadbois dans un communiqué de presse.

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Etang (Photo : Boris Horvat)

“Sans réelle perspective de rachat, nous avons donc l’intention d’engager une procédure de consultation sur un projet de fermeture de la raffinerie”, a-t-il ajouté.

Selon la direction, 370 emplois sont concernés (sur les quelque 1.250 salariés que compte le complexe LyondellBasell à Berre).

Selon LyondellBasell, “85 entités à travers le monde ont été approchées” au cours du processus de mise en vente, mais en vain, la raffinerie n’ayant “malheureusement fait l’objet d’aucune offre de rachat”.

Par conséquent, “la Compagnie Pétrochimique de Berre S.A.S. (CPB), qui exploite la raffinerie, va mettre en oeuvre, conformément à la réglementation française, une procédure de consultation des représentants du personnel sur un projet de fermeture”, qui devrait débuter en octobre, précise encore le communiqué.

Créée en 1929, aujourd’hui d’une capacité de 105.000 barils de pétrole par jour, la raffinerie avait été mise en vente en mai, les résultats s’étant “révélés inférieurs aux projections faites à l’époque de l’acquisition” au géant anglo-néerlandais Shell en 2008, avait indiqué LyondellBasell.

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Etang (Photo : Gerard Julien)

Le groupe souhaite désormais se concentrer sur les activités pétrochimiques, son “coeur de métier”.

Selon la direction, la fermeture concerne la raffinerie mais pas les dépôts, ni les unités pétrochimiques, ni les installations des autres opérateurs présents sur le site.

Cette annonce fait suite à l’arrêt l’an dernier par Total de sa raffinerie des Flandres, près de Dunkerque, et la fermeture en juin par le groupe suisse Petroplus de son site de Reichstett.

Autour de l’Etang de Berre, situé à l’ouest de l’agglomération marseillaise, quatre raffineries au total sont installées, assurant le tiers du raffinage français.

Les groupes pétroliers cherchent de plus en plus à réduire leur présence sur le Vieux Continent, où la demande de pétrole est en baisse et la rentabilité faible.

La France métropolitaine, qui comptait 23 raffineries à la fin des années 70, n’en recense plus que 11 encore en activité aujourd’hui.