Le budget 2012 suspendu aux risques d’aggravation de la crise

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érie Pécresse, ministre du Budget, et son collègue des Finances, François Baroin le 10 août 2011 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[27/09/2011 12:06:42] PARIS (AFP) Le gouvernement présente mercredi un budget 2012 d’austérité aux grandes lignes connues, mais rendu incertain par les risques d’aggravation de la crise et la victoire de la gauche au Sénat, qui promet un débat parlementaire musclé à sept mois de la présidentielle.

Sur le fond, la France, comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne, est condamnée à la rigueur même si le plan français s’avère moins douloureux que ceux de ses voisins du sud de l’Europe, plus directement exposés à la crise des dettes souveraines.

L’objectif “intangible” est de ramener les déficits publics de 5,7% du PIB cette année, à 4,5% l’an prochain et 3% en 2013, seuil fixé par les traités européens.

Valérie Pécresse, ministre du Budget, et son collègue des Finances, François Baroin, viendront le répéter une nouvelle fois mercredi devant les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat.

La France n’a plus enregistré un seul budget excédentaire depuis 1974. La dette publique explose. Elle atteignait déjà la somme astronomique de 1.646,1 milliards d’euros fin mars et devrait représenter près de 84,5% du produit intérieur brut (PIB) cette année. “Le seuil de tolérance à l’endettement est désormais dépassé”, a reconnu fin août le Premier ministre François Fillon.

Pour la première fois, les agios versés par l’Etat pour financer sa propre dette deviendront en 2012 son premier poste de dépenses, devant les budgets de l’Enseignement scolaire et de la Défense (hors pensions).

Cocktail hétéroclite

Annoncé le 24 août pour tenter d’apaiser les marchés et de préserver le “triple A” envié de la France, le plan d’austérité représentera l’an prochain une enveloppe de onze milliards d’euros, constituée pour l’essentiel d’un cocktail hétéroclite de recettes fiscales nouvelles, à commencer par un nouveau coup de rabot sur les niches fiscales des entreprises comme des particuliers.

Un milliard seulement proviendra d’économies non encore précisées. Sur ce point, le gouvernement entend laisser l’initiative à sa majorité. Mais il estime avoir anticipé cet effort par une compression des dépenses de fonctionnement et d’intervention (comme le RSA), le gel des dotations aux collectivités locales ou le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite.

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ée nationale (Photo : Jacques Demarthon)

L’idée générale est de contenir les déficits sans tuer la croissance pour que l’économie française ne meurt pas en bonne santé. Une équation d’autant plus complexe que les perspectives de croissance sont moroses. Le gouvernement a ramené ses prévisions à 1,75% pour 2011 comme 2012. Et l’hypothèse est jugée encore très optimiste par la plupart des “conjoncturistes” alors qu’une nouvelle récession menace les économies américaine et européennes.

Rien ne dit que le gouvernement échappera à un nouveau et douloureux aggiornamento budgétaire si la crise devait s’aggraver encore, sans parler d’une victoire de la gauche à la présidentielle qui rebattrait illico les cartes de la politique économique.

Dans l’immédiat cependant, la bascule historique de la majorité sénatoriale – à gauche pour la première fois depuis 1958 – ne devrait avoir que des conséquences limitées.

L’Assemblée nationale ayant le dernier mot, le gouvernement est assuré de voir son budget adopté. Mais la majorité sénatoriale pourrait jouer la montre en multipliant navettes parlementaires et amendements. Le Parti socialiste entend clairement faire de la Haute assemblé la tribune de son projet économique pour 2012.