Bien qu’il soit transitoire, le gouvernement de Béji Caïd Essebsi compte faciliter la tâche du prochain gouvernement, en lui proposant “une stratégie de développement économique et social pour la période 2012-2016“. C’est en tout cas ce qu’indique un communiqué rendu public par la cellule d’information du Premier ministère, qui précise que cette stratégie comporte quatre grandes lignes:
– un programme d’urgence visant l’intensification des créations d’emplois à travers le recrutement exceptionnel de 30.000 jeunes dans le secteur public,
– le lancement de projets dans les TIC dans le cadre du partenariat public-privé,
– la promotion du développement régional à l’aide d’une enveloppe additionnelle du budget de l’Etat affectée aux régions de l’intérieur,
– l’impulsion de l’investissement privé.
L’objectif visé à court terme, précise le document, c’est la consolidation des actions sociales pour améliorer les conditions de vie des habitants dans les régions défavorisées, ainsi que l’amélioration des conditions sécuritaires sans lesquelles point de redynamisation de l’activité économique.
Toujours dans ce document, le gouvernement provisoire souligne la nécessité de renforcer le cadre institutionnel, la transparence et la gestion administrative et financière…
Pour le moyen terme, le gouvernement de M. Caïd Essebsi propose au futur gouvernement l’élaboration d’un nouveau modèle de développement pour la Tunisie qui prône la prospérité et la justice sociale. Pour ce faire, ce nouveau modèle devrait s’attacher à rétablir la confiance par la transparence, la responsabilité sociale et la participation citoyenne, tout en assurant la transition de l’économie tunisienne vers une économie innovante et à forte valeur ajoutée. Dans cette perspective, il y a lieu d’encourager l’initiative privée, renforcer l’intégration de l’économie à l’international, consacrer la justice sociale et l’égalité des chances, garantir un financement adéquat et viable du développement. Il faudra aussi réhabiliter le service public et de l’action civile…
Les ambitions chiffrées de la stratégie…
En termes de chiffres, la stratégie de développement proposée table sur une croissance moyenne de 6,3%, un revenu par tête d’habitant de 9.746 dinars et sur la création d’un demi million de postes d’emplois additionnels dont 300.000 au profit des diplômés du supérieur, ce qui serait à même de ramener le taux de chômage à environ 10% en 2016; 100.000 emplois seront à l’actif du secteur public en trois ans (2012, 2013 et 2014)…
Toutefois, en cas d’une reprise économique, ces estimations seront revues à la hausse, et dans ces conditions ce sont près de 600.000 emplois qui seront créés, faisant passer ainsi par ricochet le taux de chômage de 10,5% à 8,5%, selon le document du gouvernement.
Le gouvernement provisoire estime que la réalisation de ce schéma de développement doit passer par trois phases: urgence, transition et émergence.
Urgence: il s’agit de répondre aux besoins à court terme pour les trois mois restants de 2011 et de l’année 2012, en termes de soutien aux régions et à l’emploi, d’appui aux entreprises et d’aide sociale et rétablir les équilibres économiques et financiers pour préparer la phase suivante.
La phase transitoire tentera àreprendre un rythme de croissance supérieur à 5% et d’aller vers les 6% durant les années 2013 et 2014, à travers l’emploi d’un effort de rattrapage exceptionnel et l’engagement de réformes globales touchant les différents domaines politiques, économiques et sociaux.
Enfin,amorcer un processus de convergence avec les pays développés à partir de 2015, en ciblant des niveaux de croissance supérieurs à 7%, c’est la troisième et ultime phase, Emergence.
Bien entendu, pour atteindre ces objectifs, plusieurs conditions sont nécessaires, notamment l’augmentation de la part des activités à fort contenu technologique dans le PIB à 30% en 2016 et l’accroissement de la part des biens et services à forte valeur ajoutée dans les exportations à 50% à la même échéance, précise le document. Il s’agit aussi de doubler les exportations de biens et services pour atteindre environ 60 milliards de dinars en 2016, d’accroître leur contribution au PIB à plus de 40%, et de faire passer le volume des IDE à 21,9 milliards de dinars…
Est-ce que la présentation de ce document par le gouvernement provisoire à seulement quelques semaines des élections de la Constitution est un fait de hasard? C’est possible. Toutefois, on ne peut pas s’empêcher de penser à une sorte de réplique, un contre-programme, aux différents programmes économiques présentés par les partis politiques, dont certains seront difficilement réalisables.
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