Selon une note du Fonds monétaire international, les perspectives économique à moyen terme de l’économie tunisienne sont «potentiellement très favorables». Le taux de croissance atteindrait 7% en 2016, «si un financement extérieur de 5 milliards de dollars par an (10% du Produit Intérieur Brut en 2012) est mobilisé et des politiques appropriées sont mises en œuvre».
C’est une lapalissade que rappelle un récent rapport du Fonds monétaire international intitulé «Moyen-Orient et Afrique du Nord: situation économique et principaux défis» et présenté à l’occasion de la réunion des ministres des Finances du G8, le 10 septembre 2011 à Deauville, consacrée à la mise en place du partenariat de Deauville, ce programme d’aide aux pays d’Afrique du Nord connaissant des changements politiques profonds: le soulèvement ayant permis de renverser le régime de Ben Ali et le conflit en Libye ont un coût indéniable et élevé. En l’occurrence une baisse du PIB de 3,3% durant le premier trimestre 2011, une chute de plus de 50% des recettes touristiques, résume ce rapport.
Mais après ce premier moment difficile, les choses ont commencé à mieux aller. Ainsi, l’inflation (3%) demeure modérée, le taux de change nominal effectif est assez stable, la croissance des exportations est restée robuste, la production agricole a rebondi après avoir décliné à 2 milliards de dollars durant la période janvier-juillet, les réserves de change augmentent à 8,6 milliards de dollars après le versement de l’aide extérieure. En prévision de la baisse de liquidité, la Banque centrale a accéléré son refinancement du secteur bancaire, baissé le taux ration de solvabilité (ratio Cook) et le taux du marché à 4%.
D’après le rapport du FMI, l’économie tunisienne devrait souffrir en 2011 de la conjonction de l’incertitude politique et des retombées du conflit en Libye. Du fait de la baisse des recettes du tourisme et des investissements directs étrangers, le PIB réel devrait stagner -même si la mise en œuvre des mesures fiscales -une forte augmentation des subventions aux produits alimentaires et aux hydrocarbures, des transferts sociaux et de l’investissement public-, devrait atténuer les effets négatifs sur croissance réelle.
Le FMI n’exclut pas une augmentation substantielle du chômage, en raison du ralentissement de l’économie et du retour des Tunisiens de Libye.
Toutefois, selon le déroulement de la transition politique –le rapport parle d’incertitude pour l’après-élection du 23 octobre-, la reprise pourrait, d’après le FMI, avoir lieu en 2012. Le taux de croissance se situerait autour de 4%, grâce à la reprise progressive du tourisme, des IDE et d’un plan soutenu d’investissements publics envisagé par les autorités pour soutenir la reprise.
Alors que les besoins de financements fiscaux et extérieurs devraient rester assez élevés en 2012 –respectivement à 3,6 et 2,8 milliards de dollars-, les experts du FMI craignent une détérioration de la situation de l’économie et de l’emploi justement du fait d’un éventuel déclin plus fort du tourisme et des IDE, et de difficultés de financement compromettant l’expansion fiscale envisagée.
A moyen terme, les perspectives sont «potentiellement très favorables», estime le rapport: le taux de croissance atteindrait 7% en 2016, «si un financement extérieur de 5 milliards de dollars par an (10% du Produit Intérieur Brut en 2012) est mobilisé et des politiques appropriées sont mises en œuvre».
A ce sujet, le rapport rappelle que les autorités sont en train de préparer un plan de développement et un ensemble de réformes pour «booster l’investissement privé et mettre la Tunisie sur la voie d’une croissance plus élevée» et que «améliorer la gouvernance, la transparence, et l’environnement des affaires, mettre à niveau l’infrastructure, restructurer les banques, et réformer le marché de l’emploi et le système éducatif sont essentiels pour accroître l’investissement privé, la croissance et la création d’emplois».
Et même en cas de déficit en financement extérieur, «l’économie tunisien connaîtrait une reprise, mais resterait sur une voie de croissance plus faible, qui devrait se traduire par un taux de chômage plus élevé et de possibles tensions sociales».