Barroso favorable aux euro-obligations, propose une taxe financière

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso le 28 septembre 2011 au Parlement européen de Strasbourg (Photo : Patrick Hertzog)

[28/09/2011 08:09:57] STRASBOURG (Parlement européen) (AFP) Le président de la Commission européenne s’est prononcé mercredi en faveur de la création d’euro-obligations à terme dans la zone euro, qui se débat dans la crise de la dette, et a officialisé une proposition de taxe sur les transactions financières en Europe.

“Une fois que la zone euro sera dotée des instruments nécessaires pour assurer tant l’intégration que la discipline (économique), l’émission de dette commune sera considérée comme un pas naturel et avantageux pour tous”, a déclaré José Manuel Barroso devant le Parlement européen à Strasbourg dans un discours sur “l’état de l’Union”.

Il a toutefois posé comme “condition que de telles euro-obligations soient des +obligations de stabilité+”, autrement dit que l’Union monétaire soit dotée d’un mécanisme strict de surveillance de la discipline budgétaire des différents pays de la zone euro.

L’Allemagne a déjà à plusieurs reprises exprimé son opposition à un tel système de mutualisation des dettes des pays de la zone euro, y voyant un encouragement au laxisme budgétaire. La France a une position plus ouverte sur la question, même si elle exclut les euro-obligations dans l’immédiat.

M. Barroso a aussi confirmé que la Commission avait adopté une proposition de taxe sur les transactions financières censée rapporter jusqu’à 55 milliards d’euros par an.

“Au cours des trois dernières années, les Etats membres ont accordé des aides et fourni des garanties au secteur financier à hauteur de 4.600 milliards d’euros. Il est temps que le secteur financier apporte sa contribution à la société”, a affirmé M. Barroso.

Le produit de cette taxe doit permettre, dans l’esprit de Bruxelles, d’alimenter directement le budget de l’Union européenne, avec en contrepartie une réduction équivalente des contributions nationales.

L’idée suscite des divergences entre pays européens, qui auront le dernier mot.

Le Royaume-Uni n’en veut pas car il craint une fuite des services financiers de la City de Londres.

A propos de la crise de la dette, M. Barroso a parlé du “plus grand défi de l’histoire” de l’Union européenne.

Malgré tout, “la Grèce est et restera dans la zone euro”, a-t-il affirmé devant les parlementaires, cherchant à couper court aux rumeurs récurrentes sur une sortie inévitable du pays.

“La Grèce doit répondre à ses engagements pleinement et dans les temps” en matière de réduction du déficit national, a-t-il souligné. En contrepartie, les Européens “sont résolus à continuer à soutenir” le pays, a-t-il dit.

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ésident du Conseil européen Herman Van Rompuy le 6 septembre 2011 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

L’Europe doit toutefois se préparer à un effort de longue haleine. L’aide à la Grèce “n’est pas un sprint mais un marathon”, a-t-il estimé. Il a dans ce contexte plaidé en faveur d’une entrée en vigueur plus rapide que prévu du Fonds de secours financier permanent de l’Union monétaire (MES), censé être activié seulement mi-2013.

M. Barroso a surtout cherché à replacer la Commission, censée incarner l’intérêt général européen, au centre de la gestion de l’Europe et de la crise de la dette, à un moment où les grands pays européens, France et Allemagne en tête, cherchent à la marginaliser pour prendre le contrôle des opérations.

“Un certain inter-gouvernementalisme pourrait être la mort de l’Europe, telle que nous la voulons”, a-t-il lancé aux députés, qui soutiennent sur ce point l’exécutif européen.

En particulier, l’ancien Premier ministre portugais a rejeté de facto la proposition franco-allemande de gouvernement de la zone euro, piloté par les Etats et le président de l’UE, Herman Van Rompuy.

“La Commission (européenne) est le gouvernement économique de l’Union, pour cela nous n’avons assurément pas besoin de davantage d’institutions”, a-t-il déclaré.

Il s’est dit favorable à un plus grande intégration économique de l’Europe, n’excluant pas la nécessité pour y parvenir de modifier encore le traité européen.