écurité montent la garde devant un restaurant de Mexico où ont eu des affrontements avec des hommes armés, le 22 septembre 201 (Photo : Alfredo Estrella) |
[28/09/2011 15:40:30] MEXICO (AFP) Les menaces contre la liberté d’expression au Mexique s’étendent aux internautes qui tentent de briser le mur de silence érigé par les groupe criminels sur leurs activités, comme le démontre l’assassinat récent d’une journaliste retrouvée décapitée.
Le cadavre mutilé de Maria Elizabeth Macias, 39 ans, rédactrice en chef du quotidien Primera Hora, de Nuevo Laredo, ville frontalière des Etats-Unis, a été retrouvé samedi, accompagné d’un message affirmant que son assassinat était liée à ses activités d’information à propos du crime organisé sur les réseaux sociaux.
C’est le troisième assassinat d’internaute dans l’Etat du Tamaulipas (nord-est), considéré par le gouvernement comme le théâtre d’une lutte acharnée et meurtrière entre les narcotrafiquants du Cartel du Golfe et le redouté groupe criminel des Zetas, créé et dirigé par d’anciens militaires d’élite de l’armée mexicaine.
Le 14 septembre, les corps de deux autres personnes avaient été retrouvés à Nuevo Laredo, accompagnés de message du même type dirigés contre les internautes.
“Ces trois homicides semblent représenter un stratégie alarmante pour intimider les utilisateurs des réseaux sociaux pour qu’ils cessent de transmettre des informations liées à la violence”, a analysé Amnesty International dans un communiqué diffusé après l’assassinat de Macias.
é près du cadavre de Maria Elizabeth Macias, journaliste, le 24 septembre 2011 à Nuevo Laredo |
Cette journaliste animait le site web nuevolaredoenvivo.es.tl, qui assure recevoir 400.000 visites par mois et participait à un compte twitter (@nuevolaredovivo) qui se définit comme un réseau de citoyens partageant des informations sur la ville.
Au Mexique, avec ses 112 millions d’habitants, on relève 4 millions de comptes Twitter et quelque 12,5 millions d’utilisateurs de Facebook.
Dans plusieurs Etats frontaliers, le long du Golfe du Mexique ou sur la côte du Pacifique, ces réseaux sont devenus une alternative à la presse traditionnelle pour les fusillades, les attaques de groupes armés ou les enlèvements, informations qui ont largement disparu de la presse écrite, des écrans de télévision ou de la radio.
Mike O’Connor, représentant au Mexique du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux Etats-Unis, assure que dans l’Etat du Tamaulipas, les journalistes vivent dans la crainte de payer une information de leur vie.
“Il n’y a plus de journalisme crédible depuis longtemps. Ce que disent les journalistes de là-bas, c’est que si tu dis la vérité, il te tuent, tout simplement”, affirme-t-il.
Au Mexique, il est “nécessaire de défendre toute manifestation de la liberté d’expression et d’opinion , que ce soit dans les moyens de communication traditionnel comme dans les nouveaux moyens technologiques”, a dit récemment Gonzalo Marroquin, président guatémaltèque de la Société interaméricaine de presse (SIP), qui regroupe la grande majorité des titres de la presse dans les Amériques.
Le problème c’est que les actions contre les utilisateurs des réseaux sociaux ne proviennent pas seulement du crime organisé, mais également de certaines autorités régionales, comme dans l’Etat de Veracruz.
Fin août, deux internautes avaient été arrêtés à Veracruz pour leur responsabilité supposée dans un mouvement de panique généré par des messages diffusés sur les réseaux sociaux, alertant sur des risques d’attaques de groupes criminels dans l’Etat de Veracruz, actuellement en butte à une vague de violence sans précédent.
Les deux internautes avaient été accusés de terrorisme et de sabotage. Ils n’ont été libérés que la semaine dernière, après les protestations d’organisations internationales de défense de la liberté d’expression comme Amnesty International ou Article 19.