«Alors il paraît que tu es UPL, comment ça se fait que tu te sois décidée pour ce parti?», me demande un ami. Surprise, je réponds: «Non. Je ne milite dans aucun parti et je n’en appartiens à aucun. Ce qui ne m’empêche pas de les visiter tous et de connaître nombre de leurs leaders. En fait, d’où tiens-tu cela?», lui ai-je rétorqué.
J’aurais bien voulu répliquer que mon appartenance politique ne regarde personne et qu’elle relève de ma sphère privée. J’aurais bien voulu riposter que dans un pays qui se veut démocratique, l’appartenance à un parti ne doit pas être annoncée comme si elle était une accusation. J’aurais aimé rappeler que les méchantes langues finissent par boire elles-mêmes la plus grande partie de leur venin. Car elles sont guidées par leur concupiscence, convoitise et leur haine envers ceux qui ont des principes, des valeurs et qui arrachent le respect par force de travail et de professionnalisme. Je ne l’ai pas fait, je respectais cet ami et je ne voulais pas le blesser.
«Au vu du nombre de coups de fil que j’ai reçu à ce propos, j’ai bien l’impression que c’est une campagne dirigée contre toi, me précise mon ami». Et quand bien même, j’avais adhéré à un parti, aurais-je commis un crime? Pourquoi moi? Suis-je aussi importante que cela? Ou serait-ce cette ambiance délétère qui règne sur le tout Tunis qui fait que les personnes qui ont peu ou rien du tout dans leurs cervelles s’acharnent sur les autres? Colportent sur eux de fausses informations et des rumeurs aussi gratuites que méchantes. Pour le plaisir? Par envie? Ou tout simplement par ressentiment?
Des limites intellectuelles et un manque de clairvoyance
«Comme tu l’auras compris, si tu veux nous communiquer une rumeur, tu es sur la bonne page. Tu as appris que “blabla_X” a trompé “blabla_Y” ? Ou encore, que “blabla_Z” a fait telle chose, ou que “blabla_W” était là à tel moment au lieu d’être là -bas. Tu veux nous le faire partager, ou encore le dire à ton ami(e), mais la peur de lui faire de la peine te vient? Alors dis-le nous, et si ce n’est pas trop méchant ou violent, nous la ferons partager». Il s’agit là de l’annonce d’un site électronique inspiré du célèbre feuilleton américain «Gossip girl» dont la trame tourne autour des rumeurs dans les milieux huppés de New York.
Cette annonce reproduit tout à fait l’atmosphère qui règne sur notre pays et orchestrée par nombre de médias. Lesquels, loin de se préoccuper réellement de la situation du pays, de ses intérêts majeurs et des enjeux politiques et économiques qu’il encourt, déploient toute leur énergie dans le sensationnel, les attaques arbitraires ou instrumentalisées contre les autres et même leurs confrères ou leurs consœurs.
Pire, ces pratiques qui ont «fleuri» ces derniers temps dans notre pays montrent les limites intellectuelles de certaines personnes et leur manque de clairvoyance, car elles n’arrivent pas à séparer le professionnel de leurs inimités personnelles quoique, à ma connaissance, je n’ai pas d’ennemis dans le milieu.
Entendons-nous bien, un journaliste n’écrit pas forcément ce qu’il a envie lui-même d’écrire ou ce que les gens ont envie de lire. Un véritable journaliste ne doit pas verser dans le populisme médiatique ou dans le jeu de séduction auteur/lecteur. Un véritable journaliste doit être curieux, avoir un réseau développé de connaissances, avoir l’esprit d’analyse et de synthèse, comme dirait Pascal Blaise. Un journaliste doit avoir cette honnêteté intellectuelle qui lui permet de déployer tous les moyens dont il dispose pour informer l’opinion publique de toutes les informations qu’il a découvertes. Il peut être subjectif mais sa mission principale reste d’éclairer et non de plaire.
Aujourd’hui, nous vivons une confusion totale des genres. Les journaux et les médias audiovisuels offrent de larges espaces ou plages de temps aux partis et aux leaders politiques qui s’en servent pour dire tout et n’importe quoi. Nous ne sommes plus dans l’information mais dans le spectacle.
Equilibrer les genres,ce n’est pas facile, aller à contrecourant est aussi difficile, et il faut avoir du courage et de l’audace pour oser et assainir.
Pour ma part, parce que le journalisme est ma seule passion, je refuse d’adhérer à un parti, car pour rien au monde je ne voudrais que mes lecteurs considèrent mes écrits comme des tracts plutôt que comme des articles d’information ou d’opinion. Mon seul parti sera donc mon métier et WMC, n’en déplaise aux calomnieux et aux commères.